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En 1995, les premiers cas de
sida sont apparus en Algérie chez de jeunes Algériens venant de l'étranger et
en particulier d'Europe avant de décéder au pays. Conscients que cette épidémie
du VIH touche l'ensemble des pays dont le nôtre, un groupe de médecins de la
santé publique et d'autres volontaires dont une majorité de femmes ont créé une
association pour la protection contre le sida « Hak
el wikaya », avec comme objectif initial d'informer,
de sensibiliser et de communiquer sur ce fléau auprès des professionnels de la
santé, des étudiants, des lycéens, des jeunes de la formation professionnelle
et de la population en général. Son champ d'action se limitait alors à la
willaya d'Oran.
Très vite et devant l'ampleur du problème et la multiplication des cas, il fallait se déployer au niveau de la région ouest du pays et c'est ainsi que dès 2002, l'APCS (Association pour la protection contre le sida) a identifié le dépistage du VIH comme un outil stratégique de la lutte contre le sida. A l'instar des autres pays du MENA, l'Algérie a une prévalence du VIH faible dans la population en général (0.01%) et relativement stable, en retenant que l'épidémie est dynamique et concentrée chez les catégories exposées. Un dispositif de dépistage à « test rapide fixe et mobile » aussi bien à Oran que dans l'ensemble de la région ouest (Mascara, Relizane, Aïn-Témouchent, Sidi Bel Abbes, Saïda, etc.) a été mis en place et fonctionnel jusqu'à ce jour. Devant le poids des interdits, des tabous, des non-dits de la dissimilation et dans un environnement difficile et souvent hostile, il fallait s'implanter, se maintenir, se renforcer et se déployer autrement et développer en particulier le dépistage communautaire. L'APCS a également construit un plaidoyer continu auprès des médias, des imams, des avocats, des services de sécurité et de l'ensemble des acteurs concernés y compris les autorités. L'ONUSIDA et l'OMS ont défini clairement le concept et le contenu des populations clés. Il s'agit des hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes; des usagers de drogues par voie intraveineuse (UDI); des travailleuses de sexe et les migrants. L'APCS a mis en place des dizaines de projets visant les populations clés dans le but de prévenir et de réduire les risques de contamination, sachant que l'ensemble de ces populations clés sont souvent stigmatisées, discriminées, marginalisées et pénalisées. D'autre part, l'APCS a développé un dispositif d'appui de soutien et d'accompagnement médico-psychosocial et économique au profit des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) (dépistage, accompagnement vers le traitement, observance et éducation thérapeutique, groupes de paroles, auto support, activité génératrice de revenus pour des femmes en situation de précarité, suivie de grossesse à risque). L'APCS est, aujourd'hui, une association nationale présente dans l'ensemble du pays, en particulier Oran, Alger, Bechar, Mascara et Béjaïa comptant sur la disponibilité de personnes à ressources (points focaux dans les autres wilayas). L'APCS contribue de façon appréciable au renforcement des capacités, non seulement des professionnels de la santé, mais également et surtout les pairs éducateurs (trices) qui sont des personnes appartenant à leurs communautés respectives (HSH, UDI, TS, Migrants) et qui donnent plus d'efficacité et performance aux actions entreprises. L'APCS a intégré la recherche communautaire comme stratégie prioritaire. A ce titre, elle a réalisé de nombreuses études d'interventions auprès des populations clés avec des partenaires nationaux et internationaux. C'est ainsi qu'en partenariat avec le ministère de la Santé et le fonds mondial, l'association a réalisé les premières études de cartographie et d'estimation de la taille des populations clés en Algérie. Il ne s'agit pas de produire des connaissances seulement, mais surtout d'interroger les perceptions, les représentations, les attentes, les besoins des communautés et de les amener vers la réduction des risques et la prévention combinée. Dans le cadre de la célébration de son 25ème anniversaire, l'APCS organise en partenariat avec IAS (the International AIDS Society) une rencontre internationale ayant pour thème « Accélérer la mobilisation de la science sur le VIH au service des populations clés et vulnérables en Algérie ». Cette réunion fait suite à la 24ème Conférence internationale sur le sida (AIDS 2022) le 18 et 19 mars prochains à Oran. Plusieurs personnalités importantes algériennes et étrangères ont confirmé leur participation, en particulier le Pr Malika Allab, présidente de l'Académie algérienne des sciences et technologie AAST, qui appuie l'initiative. Docteur Joseph, Roger, Daniel Larmarange, démographe, directeur de recherche pour le Développement (IRD), centre Population et Développement, Université de Paris, ainsi que la participation de plusieurs pays tels la Suisse, la France, la Tunisie et le Liban. *Professeur en épidémiologie et médecine préventive et médecin-chef du service épidémiologie de l'EHS de Canastel (Oran) |
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