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La récente
qualification de notre pays à la Coupe du monde de football 2010 en Afrique du
Sud, qui s'est déroulée dans l'angoisse et la douleur, ne nous a pas permis
seulement d'être de nouveau, après un bon bout de temps de «vaches maigres»,
sur le devant de la scène sportive mondiale, mais aussi et surtout de «remettre
bien des pendules à l'heure» sur bien des questions... dont on évitait ou
fuyait les réponses, pourtant évidentes.
-Avec notre sport : On s'aperçoit que lorsque les moyens humains et matériels de qualité sont disponibles et mis à la disposition rapidement et en dehors de toute bureaucratie, de managers compétents (c'est-à-dire formés par les épreuves, dans les universités ou sur le tas... et bien plus soucieux des affaires du sport que de leur business... encore que l'un n'empêche pas l'autre, mais sans trop de mélange), on arrive à réaliser des prouesses. Le tout dans le cadre de programmes clairs pré-établis, à moyen et long termes, et acceptés par tous, et sans remise en question en cours de route. Et, bien sûr, en choisissant dans les gisements des jeunes, les plus capables, sans distinction de statut ou de lieux de travail, l'essentiel (pour le sport de haute compétition) étant le résultat. Parallèlement à une politique de formation de base initiée et/ou aidée par l'Etat (ex : les écoles de football...). -Avec notre jeunesse : On savait, et elle l'a prouvé ces derniers temps, que celle-ci, hommes et femmes, est une mine de créativité et d'engagement extraordinaires... lorsque des défis nationaux sont en jeu... et lorsque l'image de la nation algérienne est insultée ou salie. Certes, le football est un lieu d'expression consensuelle, mais d'autres lieux peuvent survenir à tout moment ou être créés ou, bien plutôt, être offerts. La balle est désormais dans le camp de nos vieux «décideurs» qui doivent sortir de leur léthargie et imaginer les alternatives les plus profitables à tout le pays. Sinon, dans quelque temps, dans peu de temps, gare aux «chahuts de gamins»... -Avec notre Histoire : Que l'on doit préserver comme la prunelle des yeux, promouvoir, mieux expliquer, tant elle est sacrée et importante. Et dont on doit élargir le champ en remontant le plus loin possible et en exploitant toutes ses étapes sans en exclure aucune. Pour (re-) situer l'Algérien dans sa position historique exacte, tout particulièrement par rapport à tous ceux qui ne nous aiment pas, nous envient ou nous jalousent ou nous haïssent, qu'ils soient «frères et amis» ou autres. Avec celle maghrébine et africaine, la dimension amazighe, synonyme de liberté, de fierté et d'engagement est peut-être celle qui doit être le plus chantée sans complexe. Car, c'est elle qui a donné du lustre à notre arabité (en conquérant l'Andalousie puis en l'offrant à des orientaux... qui l'ont perdue) et de la consistance à l'islamité (en passant par des périodes certes douloureuses mais porteuses de changements et, surtout, de prise de conscience). -Avec notre presse écrite : Bien sûr, ce ne sont pas les dérapages qui ont manqué, la pratique mettant à mal, bien souvent, les règles élémentaires de l'éthique journalistique... mais «à la guerre comme à la guerre». Car, l'opinion publique nationale avait affaire, déjà bien avant la rencontre du Cairo stadium, à une véritable guerre médiatique menée par des médias audio-visuels égyptiens qui n'arrivaient pas à «avaler» la montée en puissance sur la scène mondiale du football algérien. Avec tous les calculs politiciens internes que l'on devine ! En matière de Com', c'est une première dans l'histoire de la presse arabe et, peut-être même, mondiale : des titres de presse écrite (exploitant «à fond la caisse» les techniques internet pour continuer la diffusion de leurs messages) ont battu à plate couture (en rapidité et en contenu) des télévisions satellitaires et ont réussi à combler les «vides» relevés dans notre presse écrite et audio-visuelle étatique, trop «diplomatique». Aujourd'hui, trois à quatre titres de langue arabe sont arrivés à tirer à eux seuls plus de 3 millions d'exemplaires sur un total de 4 millions pour tous les autres 70 titres. Ce n'est pas du «décollage», c'est du «fusée-lage» qui a fait d'ailleurs découvrir à des non-lecteurs (arabisants ou bilingues) que l'on avait une presse écrite privée capable d' «oser» pour la défense des couleurs du pays ainsi que des journalistes de talent... et a permis aussi à des lecteurs francophones de se mettre ou de se re-mettre à l'arabe. - Avec notre argent : Il ne fait pas le bonheur, mais il y contribue. Avec des dizaines de milliards de dollars de réserves, dont une bonne partie «dormait» avec des rapports assez faibles, le peuple s'était retrouvé en pleine déprime. Il y avait de quoi : un pays riche avec des moyens de vie comptés ! Voilà que (volontairement ou/et forcé) l'Etat accepte enfin de débourser une forte somme pour que notre Equipe nationale de football aille en Coupe d'Afrique des nations et en Coupe du monde... et, avec les victoires accumulées, c'est la guérison, c'est le sourire et le rire retrouvés, c'est l'espoir de progresser et l'envie de réussir qui gagnent du terrain. La dépense devient vite un investissement sûr et porteur. Il s'agit, demain, pour l'Etat et ses commis de savoir en profiter pour retirer le gain maximum au niveau de tous les autres secteurs d'activité. - Avec les néo- «impérialismes» : Les voies de la réconciliation culturelle (en Algérie) sont impénétrables... à l'inverse de la «fitna» d'origine égyptienne dont les voies auraient été pénétrées depuis belle lurette n'eussent été les cris d'orfraie de «hisb massar». Il est vrai que pour bien des sexagénaires, il est difficile d'oublier les roucoulements de Abdelhalim Hafez, l'art de Abdelouahab, la voix d'Oum Kaltoum... et, aussi, les déhanchements langoureux de Samia Gamal. Il est vrai que pour les quadragénaires et un peu plus, il est difficile d'oublier les leçons de morale des enseignants «envoyés en mission » en 1962, qui ont préparé le terrain à l'abrutissement de la pensée et au terrorisme cultuel des années 90. Chih fina ! Mais l'essentiel est de retenir la leçon et de devenir un nationaliste culturellement chauvin. Viva l'Algérie et seulement l'Algérie ! Sans perdre de vue l'universel. Un grand pas a été déjà fait... par le peuple : à travers la formidable mobilisation autour de l'Equipe nationale de football certes, mais aussi et surtout autour de l'emblème national qui a retrouvé en quelques jours la place qu'il avait perdue dès les réjouissances de juillet 1962 terminées. 1962 a marqué la fin du colonialisme français, et le néo-colonialisme définitivement bouté dehors avec le refus de Zeroual de se plier, au milieu des années 90, au protocole chiraquien dans les couloirs onusiens. 2009 marque la fin du néo-impérialisme culturel égypto-(pseudo) arabe. Une deuxième indépendance ! Les vieux comme les tout jeunes, les hommes comme les femmes ne s'y sont pas trompés en le clamant haut et fort. Merci Misr ! Mille mercis Dream TV and Co ! Grâce à vous et à toutes vos c.., l'Algérie que l'on croyait perdue s'est enfin retrouvée et le peuple s'est réconcilié avec lui-même. Harrag peut-être, mais pas Haggar. Riche mais généreux. Impulsif mais pas violent. Critique mais patriote. Berbère mais pas barbare. Pluriel mais habité par son pays. Universel mais d'abord amazigh et maghrébin... *Journaliste indépendant |