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Des imams envoyés en France sans salaires ni couverture sociale

par Z. Mehdaoui

Une situation pour le moins embarrassante à laquelle font face depuis plusieurs mois les imams dépêchés par le ministère des Affaires religieuses en France.

En effet, depuis 5 mois, ces imams n'ont pas perçu leur salaire dans un pays ou l'argent est plus que vital pour vivre et subvenir à ses besoins. Pis, certains imams, envoyés pour encadrer les musulmans résidant en France et prêcher les préceptes de l'islam, se sont retrouvés sans couverture sociale depuis janvier 2013.

Ces imams affectés à la grande mosquée de Paris puis envoyés dans d'autres mosquées implantées dans l'Hexagone vivent une situation kafkaïenne. Après avoir écrit plusieurs fois au ministère des Affaires religieuses, ces imams, dans un cri de détresse, ont saisi par écrit le député, représentant la communauté algérienne en France, Samir Chaabna, afin qu'il intervienne auprès des autorités compétentes.

«Détachés de la grande mosquée de Paris et actuellement exerçant à la mosquée de Bouzonville, dans la région de Lorraine et au nom de tous les imams de la région, nous tenons à vous informer que nous n'avons pas touché de salaire depuis 5 mois et sommes dépourvus de sécurité sociale depuis janvier 2013», lit-on dans la lettre adressée au député algérien et signé par l'imam, Mechri Boumediene.

Ils sont en tout 34 imams à vivre cette «péripétie» alors qu'ils étaient partis en France pour apporter un peu de réconfort à nos compatriotes établis dans ce pays.

Dans une autre lettre adressée à Samir Chaabna, un autre imam, Abderrahmane Boussouffa, affecté dans la mosquée de Strasbourg, affirme qu'il risque l'expulsion de son domicile, en raison de non paiement du loyer.

Plusieurs imams sont saisis par leur banque qui les menace de recourir à la justice et de fermer leur compte bancaire.

La situation est encore plus dramatique pour les imams accompagnés de leurs familles, écrit Abderrahmane Boussouffa qui souligne qu'il est interdit à l'imam ou ses enfants de tomber malade en France du fait de l'absence de couverture sociale.

Il faut rappeler que des dizaines d'imams algériens ont été envoyés en France cette année pour des missions «d'orientation, d'éducation et de culture au profit de la communauté musulmane».

Les imams en question étaient accompagnés de «mourchidines» (chargés de la prédication et l'orientation) et qui ont pour tâche de se rapprocher des familles algériennes vivant en France pour contribuer à la «sauvegarde de leur cohésion».

«L'Algérie a la volonté d'aider les musulmans de France à pratiquer leur culte dans la sérénité en dépêchant dans ce pays des imams formés et qualifiés?, avait affirmé il y'a quelques temps le ministre des Affaires religieuses, Abdellah Ghlamallah.

Le ministère des Affaires religieuses, en voulant aider les musulmans de France, semble cependant oublier d'aider les imams dépêchés dans ce pays en les privant de leur salaire et d'une couverture médicale. Enfin, il est utile de noter que le nombre des lieux de culte musulman en France est passé de 400 en 1980 à environ 2.000 actuellement, selon un récent bilan du bureau des Cultes au ministère français de l'Intérieur.