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Coupe du monde au Brésil et élection présidentielle

par Faycal Houma *

La joie des Algériens de l'arrivée des Verts au Mondial n'est que la face cachée de ce que veulent réellement ces derniers : ils méritent d'être hissés à un niveau décent et à un rang élevé parmi les nations.

Le phénomène de la joie populaire observé dés la qualification de l'Algérie à la Coupe du Monde au Brésil en 2014, est un indicateur majeur de mesure adressé à ceux qui sont chargés de gérer les affaires politiques du peuple algérien. L'aspiration de ce dernier à faire partie du concert des nations présent au pays de la samba, est une expression de la nature des Algériens et de son ambition à mener ses désirs.

Les Algériens ont exprimé leur joie au coup de sifflet final de l'arbitre sénégalais qui a officié les débats entre Algériens et Burkinabés. D'une manière globale, le sport représente l'interface de toute la société et reflète la nature de son économie, de sa culture, de son activité sociale et même de sa politique. Il est donc déraisonnable d'observer une interface à deux variantes : l'une brillante et l'autre obsolète. Les algériens ne sont pas sortis uniquement pour extérioriser leur joie à cause de la qualification. Mais parce que dans leurs veines coule le sang de l'amour pour le défi et les succès; ils n'ont pas manifesté bruyamment « leur victoire » parce qu'ils représentent les Arabes et les musulmans à cette Coupe du Monde version « 2014 ».En fait, leur allégresse exubérante est un message crypté à plusieurs sens.

Introspection

Le caractère ambitieux fait partie de la nature humaine, il est pétri par le milieu géographique (le relief, les plaines, les montagnes escarpées, l'immensité du désert, les dunes de sable, etc.) L'histoire est , dans ce cas de figure, une réserve de mémoire de l'inconscient qui contient les modèles des héros de Massinissa et son rêve de construire l' Etat de la Numidie ;le fils d'Ali, intronisé empereur dans la dynastie Almohade, à notre redoutable marine qui a osé défié les puissances maritimes mondiales de l'époque, en mer Méditerranée, jusqu'à la révolte du peuple contre le plus grand empire colonial du 19ème siècle , à savoir la France. Contre cet occupant, le peuple s'est soulevé comme un seul homme, et parmi eux, on comptait peu de gens de lettrés, encore moins de docteurs. Mais la conscience reposait sur les vertus séculaires de ce peuple dont la restitution du leadership et de la fierté fondait cette nature.

L'ambition de diriger et de défier, repose sur la stabilité dont jouit le pays qui n'a pas été affecté par les soulèvements de « destruction arabe ».Aussi, quand l'Algérie était instable, elle été absente des qualifications en Coupe du Monde. C'est la preuve que le sport - comme les autres aspects de la vie publique, - ne peut prospérer que dans le cadre d'un projet politique moulé dans la stabilité. Donc, parmi les pays éligibles à la phase finale de Coupe du monde, il n'y a que les états politiquement et économiquement stables. Et, si il ya exception, cela confirme la règle. Le ressentiment des gens qui ont souffert et continue de souffrir et à entraver la croissance tire sa genèse dans le populisme autoritaire patriarcale dans le soulèvement d'Octobre 1988.Cet aspect politico-culturel n'a pu être balayé par la déferlante populaire qui a manifesté pour un changement, mais les hommes ont surfé sur cette attitude en puisant dans la marée salafiste qui a également été confrontée au système politique patriarcale. Je rappelle que j'ai écrit récemment, dans la présentation du livre « Comment je vois l'Algérie» que «le salut est dans un sursaut collectif, sans attendre la venue du Mahdi, les profondeurs du sous-sol sont là pour nous soustraire de l'errance et de la précarité dans laquelle nous nous sommes empêtrés depuis l'indépendance. »

Nous partageons nos malheurs avec d'autres pays arabes et islamiques qui manquent cruellement de bases et de méthodes scientifiques, organiques et technologiques construites par l'Occident, expression de leur organisation, et de leurs ambitions politiques créées depuis plus de trois siècles déjà. C'est cette technologie, qui a vu le jour en Europe et aux Amériques, qui a été le point départ de la civilisation et de la modernisation de l'Etat et de la satisfaction des besoins élémentaires de la vie des citoyens.

Les élections présidentielles 2014 sont une occasion pour le système politique algérien de changer positivement appelé à alléger le poids de la souffrance et du supplice des Algériens psychologiquement, socialement, économiquement et culturellement.

Une question s'impose d'elle-même à tous les Algériens : le futur président ne doit- il pas être un scientifique, un cartésien dénué de tout populisme démagogique, et s'inspirant du modèle des pays puissants ? C'est ce profil qui crée une dynamique social nécessaire, selon notre culture, incluant tous les algériens sans exclusif à la construction d'un Etat algérien fort moulé dans les des principes de Novembre. La médiocrité rampante, l'attentisme en vigueur de la classe politique, qu'elle soit au pouvoir ou dans l'opposition, de proposer des projets non seulement novateurs mais globaux pour traiter simultanément avec tous les secteurs névralgiques est vitale (sécurité, justice, éducation, santé, emplois, relation avec l'étranger, infrastructures, urbanisme, renfoncement des institutions, organisation de la société, etc.). A ces objectifs, un moment de sincérité doit caractériser le personnel politique pour atteindre un seuil dans la perception et la compréhension du cap que nous voulons atteindre. Ceci éclairci, rien de mieux que la tenue d'une rencontre nationale de tous les intervenants politiques, économiques, culturels et sociaux sous le thème « le changement constructif en préservant les acquis »pour édifier un Etat algérien fort dans le cadre de ses constantes pérennes.

La joie des algériens de l'arrivée des verts au mondial n'est que la face cachée de ce que veulent réellement ces derniers : ils méritent d'être hissés à un niveau décent et à un rang élevé parmi les nations.

* Activiste politique et éditeur de livres.