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Le drame du 11 août 2021 survenu
à Larbaa Nath Irathen aurait pu faire basculer l'Algérie dans une
effroyable tragédie. Tous les ingrédients d'un épouvantable drame étaient
réunis.
Des incendies apocalyptiques dévastent plusieurs régions d'Algérie et notamment la Kabylie. En raison du peuplement dispersé traditionnel de cette wilaya et des caractéristiques physiques d'un relief très accidenté, les opérations de secours sont rendues difficiles et les conséquences sont très graves pour les personnes, les biens et les forêts. La soudaineté des incendies, leur étendue sur près d'une vingtaine de wilayas du Nord et des Hauts-Plateaux et leurs intensités ont entraîné une dissémination des moyens, les rendant ainsi, par la force des choses, impuissants à répondre, immédiatement, aux immenses besoins. Les feux sont apparus le 9 août et ce n'est qu'à partir du 12 août qu'un début de maîtrise des feux est perceptible. Je ne veux pas, dans ce contexte, qualifier les faits et désigner des coupables. Je fais confiance à la justice de mon pays pour répondre aux multiples questionnements et interrogations que le peuple algérien se pose très légitimement ! Je voudrais tout simplement dire le choc que j'ai subi. Sans aucun doute, nous sommes des millions à essayer de comprendre l'incompréhensible, à tenter de nous libérer d'un sentiment de culpabilité non pas devant tant d'horreur mais devant la sensation d'impuissance, de trahison de soi-même et des autres. Comme tous les Algériens, j'ai vu les feux dévorer nos forêts; j'ai vu notre peuple lutter pour la survie et, surtout, j'ai vu une personne sacrifiée par une foule hystérique, pourquoi ? Pour conjurer le feu ? Pour apaiser Vulcain, le Dieu du Feu comme au temps de la Jahilyia ? J'ai vu le feu et le sang se mélanger à notre terre, que donnera ce mélange ? Que ou qui naîtra de cette semence ? J'ai imaginé une foule frénétique renverser le pouce comme au temps des gladiateurs pour condamner à mort non pas un innocent mais un homme accusé d'avoir aidé à éteindre le feu; j'ai vu des zombies hurler une haine refoulée; j'ai vu ce que je n'ai jamais voulu voir ! Puis soudainement une voix, forte et douce, plus puissante que mille canadairs, imposa un silence plus assourdissant que mille moteurs d'avions ! Cette voix, celle du père du supplicié, infligea d'abord un lourd sentiment de honte à tout le peuple algérien. Elle résonna, ensuite, comme la grâce annoncée au condamné à mort au pied de l'échafaud, le verre d'eau à l'assoiffé, le pardon au pécheur ! Merci Djamel Bensmaïl... le véritable héros, sauveur de l'Algérie. |
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