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Home, sweet home : la maison est remplie d'ennemis !

par Pierre Morville

La viande rouge est cancérigène, la maison est pleine de dangers...

Au secours !

On ne m'avait rien dit ! Et j'apprends ça, comme ça, à la radio. Entre trois annonces de guerre, d'attentats, de banales fermetures d'usines surgisse la nouvelle glaçante. Au début, on n'y croit pas. Mais les journaux rapidement feuilletés, la télé hâtivement allumée sur les chaînes d'information, vous confirment la sinistre nouvelle qui circule sur l'ensemble de la planète. Car l'organisme qui sonne l'alarme, ce n'est pas rien : l'OMS, l'Organisation Mondiale de la Santé ! Un machin qui dépend du machin de l'ONU ! 194 états membres ! Plus de 7000 personnes de plus de 150 nationalités travaillent pour lui dans 150 bureaux de pays, zones ou territoires, avec un siège situé à Genève. Outre des médecins, des spécialistes de la santé publique, des scientifiques et des épidémiologistes, l'OMS recrute dans les hautes administrations de ses états membres ainsi et possèdent de multiples experts dans les domaines des statistiques sanitaires, de l'économie ou des secours d'urgence. Ses labos ont fait leurs propres analyses, ses chercheurs ont dépouillé plus de huit cent études scientifiques déjà parues et ils confirment la sinistre nouvelle? Horreur ! Malheur ! La viande rouge et la charcuterie tout comme les salaisons donnent le cancer !

Et personne ne m'avait prévenu ! Parce que moi, cru, cuit, à peine saisi, bouilli, nature ou en sauce, steaks, tartares, gigots, épaules, cuissots, saucissons, hot dogs, bouillons de viande? j'en ai mangé des tonnes ! Et voilà que tous ces petits et grands animaux que j'aime tant, surtout culinairement, le petit agneau, le mignon porcelet, le solide bœuf, tous ces aimables mammifères se vengeraient vicieusement de leur sacrifice en cuisine en nous instillant hypocritement le cancer. « Les données les plus solides, quoique demeurant limitées », précise l'OMS, indiquent une association entre la consommation de viande transformée et de viande rouge et le cancer colorectal (celui de la fin de transit intestinal), le cancer le plus dangereux en terme de nombre de morts au niveau mondial, derrière ceux de l'estomac, du pancréas et de l'estomac.

Mais il existe également des indices indiquant des liens de la viande rouge avec les cancers de l'estomac, du pancréas et de la prostate, « mais les données ne sont pas concluantes ». Le risque de cancer n'est pas l'unique risque sanitaire de la consommation de viande, tient à nous rappeler l'OMS : maladies cardiaques, diabète, intoxications alimentaires, le bilan humain des excès d'alimentation carnée dépasse largement les quelques dizaines de milliers de cancers colorectaux annuels.

ENTOURES D'ENNEMIS DOMESTIQUES

Et c'est dans nos pays riches que le danger est le plus grand ! Dame, la viande rouge, ça coûte cher? Consommation moyenne des Français : 86 kilos par an. Moi, c'était beaucoup plus.

Non seulement le corps, le moral et l'appétit, en prennent un sale coup mais l'une des plus grandes constructions culturelles du génie humain, la gastronomie, est ébranlée dans ses plus solides fondements !

Déjà, qu'on s'interdisait de fumer (même de délicieux Havanes) et que boire un coup de rouge équivalait à avaler de la cigüe ou un cocktail d'arsenic, on savait déjà que les poissons étaient plein de plomb et de mercure, maintenant on est condamné à ne manger que des légumes. Tout cela ressemble quand même à un immense complot des végétariens. Pire, des « végétaliens », une sorte de secte terroristo-extrémiste dont la pratique alimentaire exclut tous les produits et sous-produits d'origine animale : adieu veaux, vaches, cochons mais aussi poissons, crustacés, mollusques, gélatine, œufs, miel, lait?

En plus, ces damnés végétariens pensent naïvement que les légumes, c'est tout gentil : ces ignorant ne connaissent pas les dangers du sucre, du sel (vous enfiler deux tasses à café de sel -225g.- vous envoie au ciel), la noix de muscade qui peut vous donner des hallucinations, les piments (des démangeaisons qui peuvent aller jusqu'à la mort), les pommes de terre qui contient de la solanine (troubles neurologiques), les champignons (cent espèces toxiques connues)?

La bouffe est dangereuse ? On aurait du déjà se méfier des signes malfaisants qui entourent l'endroit où l'on prépare les aliments : la cuisine. Terrifiante cuisine. Elle est remplie d'objets très dangereux. Des couteaux, canifs, hachettes, tranchoirs, hachoirs, piques, fourchettes qui coupent, découpent, piquent, transpercent, lardent la peau, les muscles, les viscères, les foies, les cœurs des animaux dont on prépare religieusement les plats mais, un « accident » est si vite arrivé, ces instruments de torture s'en prennent souvent aussi à nous. Qui, parmi nos lecteurs, ne s'est pas coupé en préparant un plat ou en le dégustant ? Maudit couteau !

Et je ne vous parle pas des autres risques encourus dans la sinistre cuisine : les incendies dus au bois ou au charbon ont fait place aux explosions de gaz. Et combien de mains innocentes se sont fait atrocement bruler sur les plaques électriques ? Et combien d'êtres fragiles et innocents se sont fait cruellement mutiler par la grande galerie des instruments de l'électroménager : hachoirs électriques, mixeurs de multiples tailles, grille-pains, bouilloires de toutes sortes, sans parler des multiples produits chimiques, poisons mortels à portée de bouche?

Les statistiques sont là pour prouver l'ampleur des menaces : la cuisine est la pièce la plus dangereuse de la maison. C'est dans ce lieu maudit que se produisent un quart des « accidents de la vie courante », le terme politiquement correct qui désigne les tentatives ou meurtres réussis par ces damnés objets de notre vie quotidienne. Elle précède de peu le jardin et la cour (24% des « accidents »). Vous vous croyez en sécurité dans le reste de la demeure ? 9% des accidents légers, graves ou mortels ont lieu dans le séjour, 7% dans les chambres, 16% dans les escaliers. Un conseil : si vous vous sentez en danger, enfermez-vous dans la salle de bain : 4% des accidents domestiques. Mais surtout, évitez d'utiliser la baignoire.

Les objets diaboliques s'en prennent évidemment aux plus faibles, aux démunis : La majorité des accidents domestiques des enfants de moins de 5 ans et des personnes de plus de 65 ans surviennent à l'intérieur du domicile. Ces accidents constituent la première cause de décès chez les enfants de moins de 15 ans. Les escaliers sont à la hauteur de leur mauvaise réputation : chaque année, une personne de plus de 65 ans sur 3 est victime d'une chute, avec des conséquences dramatiques pour les plus de 75 ans. Les chutes, tous âges confondus, représentent la première cause de mortalité par accident de la vie courante, viennent ensuite les suffocations, les noyades, les intoxications et les accidents causés par le feu.

En plus de ces 56 morts par jour en France, ces millions d'accidents de la vie courante provoquent des blessures plus ou moins graves. 500000 hospitalisations et 4,5 millions de recours aux urgences sont consécutifs à un accident de la vie courante.

Quand on les interroge, les naïfs Français continuent à se croire en sécurité dans leur maison : 80% des français pensent que la maison n'est pas un lieu à risque. En effet, la maison n'arrive pour eux qu'en 9ème position, après les accidents de la route, les accidents du travail?

Et pourtant ! Les accidents de la vie courante font chaque année plus de 20000 morts : 5,9 fois plus que les accidents de la route (3400 en 2014), et 38 fois plus que les accidents du travail.

L'ennemi est partout. Il est là, en train de vous guetter : au cours de sa vie, chaque Français sera en moyenne victime d'un accident de la vie courante tous les 5 ans (chute, brûlure, blessure...). Mises bout à bout, ces statistiques représentent 11 millions de blessés chaque année. A quand des monuments aux morts dans tous les villages ?

DES TUEURS QUI DEVIENNENT INTELLIGENTS?

Le pire de tout, c'est que ces maudits objets de la vie quotidienne se multiplient à un rythme épidémique. On ne fait pas un tour au supermarché sans céder à l'achat d'un petit gadget innocent qui se révélera peut-être un jour un tueur impitoyable. Pire, accompagnés des marchands et publicitaires, qui nous en chantent quotidiennement les mérites exaltés, les industriels nous proposent maintenant de multiples machines domestiques in-te-lli-gentes ! Bref ! Ils ont greffé des micro-processeurs sur ces outils sadiques !

On avait déjà fait l'expérience des ordinateurs qui diffusent largement à l'extérieur, via l'internet, tous les secrets de votre vie intime (comptes bancaire, lettres d'amour, carnet de santé?). Et quand ils ne nous mentent pas sciemment ou vous volent (qui n'a pas perdu, comme par hasard, des documents essentiels dans la foutue mémoire du micro ?), les ordinateurs peuvent décider de tomber mystérieusement en rade, tous ensemble : c'est la grande panne des ordis, le grand bug Internet, comme l'Algérie en a fait la triste expérience en début de semaine?

Alors là, on ne peut plus rien faire : ni travailler, ni se distraire, ni envoyer un mail à ses amis ou à la famille. On ne peut plus écouter de la musique ou les infos. On ne peut plus regarder ses photos. On peut même plus jouer : un de mes compatriotes sur deux joue aux jeux vidéo, contre un sur dix en 1990.

Et le péril informatique s'attaque en les droguant évidemment d'abord aux plus fragiles, aux moins méfiants. On apprend l'ordinateur à l'école. Le slogan: « Le code informatique est la langue du XXIème siècle et nos enfants doivent la maîtriser ». Eloquent !

Je ne vous parle pas de la domotique. Maintenant, vous pouvez allumer les lampes ou la télé d'un claquement de main (un sacré progrès !) mais surtout votre aspirateur est branché avec votre machine à laver qui communique avec votre four électrique et moins à votre frigidaire (il parait qu'ils sont fâches) tout en ayant une grande discussion avec la machine à coudre et le fer à repasser.

Mais qu'est qu'ils peuvent bien se dire ? Pourvu qu'ils ne complotent pas contre nous?

Et tous ces composants de la micro informatique polluent notre environnement. Faits de métaux rares et instables, 1% seulement des matériaux de la top modernité sont actuellement recyclés.

MEFIEZ VOUS SURTOUT DES TOUT PETITS

Mais en attendant les robots, le pire de tous nos ennemis a un nom, épouvantable : « nanotechnologies ». Là votre ennemi est non seulement intelligent mais il est surtout partout, invisible et totalement incontrôlable. La nanotechnologie est la suite diabolique du processus de miniaturisation. On a commencé à créer des composants électroniques de plus en plus petits. «Il a fallu inventer des approches de miniaturisations», explique Aurélien Bancaud, du CNRS. Du bricolage microscopique en d'autres termes. «On sait faire des montres à l'échelle microscopique, on pourra en faire à l'échelle nanométrique, c'est l'idée de cette évolution dans le domaine technologique», poursuit-il. Le nanomètre est de l'ordre du milliardième de mètre. En parallèle, des techniques de fabrication par des méthodes de chimie ont permis de produire des «nanoparticules», autonomes en énergie. Il en existe déjà dans près de 900 objets du quotidien.

En résumé, explique Claude Weisbuch, directeur de recherche au CNRS, « 1. on ne voit pas les objets des nanotechnologies. 2. Les éléments nanométriques vont partout, et donc dans des endroits ou ils sont dangereux, par exemple les organes du corps humain. 3. Les nanotechnologies permettront d'entrer dans des domaines ou il ne faut pas aller (la maîtrise du vivant et le rêve/cauchemar de l'immortalité, le contrôle de l'individu par des nano-robots qu'on lui injecte à son insu), ou peuvent permettre in-fine la destruction de la planète par l'émergence d'une intelligence collective de nano-objets auto reproducteurs qui échapperaient au contrôle de leurs créateurs dans une furie destructrice ». Paranoïaque, non ? Je vous le dis, à coté, les êtres humains vous apparaitront bientôt comme des gentils...