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Toxicomanie: Un nouveau variant du «Saroukh» fait craindre le pire

par Houari Barti

Au moment où le secteur de la santé à Oran met les bouchées doubles pour renforcer ses capacités de prise en charge de la toxicomanie, avec l'ouverture de deux nouveaux centres intermédiaires de soins en addictologie (CISA) prévue en 2024 et 2025, des praticiens de la santé mentale tirent la sonnette d'alarme sur le mésusage d'un nouveau produit psychotrope encore plus dévastateur que le traditionnel Prégabaline. Il s'agit d'un produit appelé dans le milieu «Double signature», qui serait un variant du Lyrica ou de son générique la Prégabaline, communément appelés en Algérie «Saroukh», avec des effets d'euphorie et de désinhibition plus intenses, mais surtout avec une addiction qui s'opère dès la première prise, ce qui rend, selon les praticiens, la prise en charge thérapeutique des patients en sevrage encore plus compliquée.

Plus cher que la Prégabaline, un seul comprimé du «Double signature» se négocie auprès des dealers autour des 500 à 600 dinars. «Un consommateur moyen a besoin d'au moins deux comprimés par jour pour ne pas être en manque», nous confie un psychologue qui intervient auprès d'une population principalement juvénile. Selon ce même praticien, dans les centres de détention et de réinsertion pour mineurs, près de 80% de la population carcérale souffre de problèmes de dépendance à ce type de psychotropes.

La Prégabaline appartient à la classe des médicaments appelés analgésiques. A l'origine, elle s'utilise pour soulager les douleurs associées à la neuropathie. Les principales complications liées au mésusage de la Prégabaline sont un coma, des troubles de la conscience, une désorientation, une confusion et peuvent conduire au décès. Dans le cadre de son dispositif de prise en charge médicale contre la toxicomanie, la willaya d'Oran devra bénéficier au cours de cette année 2024 d'un nouveau centre intermédiaire en addictologie (CISA) à Oued Tlélat, alors qu'un autre est attendu au cours de l'année 2025 à Misserghine, selon des prévisions annoncées par la Direction de la santé de la wilaya d'Oran. La wilaya d'Oran dispose déjà de deux centres intermédiaires de soins en addictologie à Akid Lotfi et Yaghmoracen, en plus du service de lutte contre la toxicomanie de l'hôpital psychiatrique de Sidi Chahmi. Sur le front de la répression du trafic de psychotropes, les services de sécurité réalisent régulièrement des saisies en démantelant des réseaux qui activent sur l'ensemble du territoire. A la fin du mois décembre dernier, «une quantité de 9.000 capsules de psychotropes du type Prégabaline 300 mg de fabrication étrangère soigneusement cachée à l'intérieur des domiciles de l'un des prévenus a été saisie suite à une opération menée par la brigade de la police judiciaire de la wilaya d'Oran. Selon un communiqué de la sûreté de wilaya d'Oran, deux mis en cause ont été présentés devant les instances judiciaires à l'issue de cette opération.