Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Agression sioniste contre Ghaza: Le désarroi de Guterres

par Mohamed Mehdi

  Les bombardements sionistes ont fait, hier, plusieurs dizaines de martyrs et autant de blessés. Plusieurs localités de Ghaza ont été visées, dont Jabalia (nord de la bande), Khan Younes et Rafah (au sud).

Selon un des correspondants d'Al Jazeera, sur place, le bombardement d'une maison à Jabaliya a fait, à lui seul, «des dizaines de martyrs et de blessés». La même source a ajouté que «l'armée israélienne a bombardé intensivement le quartier de Cheikh Nasser et les zones à l'est de Khan Younes, au sud de la bande de Ghaza, avec de l'artillerie et des bombes fumigènes». Une source médicale a également déclaré à Al Jazeera que «45 martyrs sont arrivés à l'hôpital des Martyrs d'Al-Aqsa, dans le centre de la bande de Ghaza, depuis samedi soir, suite à des bombardements intenses de l'aviation sioniste». Hier également, le ministère de la Santé à Ghaza a déclaré, dans un communiqué, que les soldats sionistes «ont tiré sur le directeur général de la pharmacie, Ashraf Abu Mahadi, alors qu'il tentait d'atteindre des entrepôts de médicaments dans le but d'apporter des fournitures médicales aux hôpitaux et centres de santé de la bande».

«Des tireurs d'élite de l'occupation israélienne ont pris pour cible le directeur général de la pharmacie, Ashraf Abu Mahadi, alors qu'il tentait d'atteindre les entrepôts de médicaments pour fournir des fournitures médicales au complexe médical d'Al-Shifa, à l'hôpital arabe d'Al-Ahli et à d'autres centres de santé de Ghaza qui ne fonctionnent toujours pas», précise le communiqué.

Samedi, le ministère de la Santé avait déclaré que des «tireurs d'élite de l'occupation sioniste ont tué et blessé des femmes enceintes à leur arrivée à l'hôpital Al Awda, dans le nord de la bande de Ghaza». Ajoutant que ces snipers «ont tué deux personnels» du même hôpital «au cours des dernières heures». Dans la soirée de samedi, la même source a indiqué que le nombre de martyrs s'est élevé à 17.700 depuis le début l'agression israélienne, tandis que le nombre de blessés s'est élevé à 48.780, précisant qu'il existe des «difficultés énormes» à recenser l'ensemble des martyrs et des blessés, en raison de l'insécurité due aux intenses bombardements sur l'ensemble de l'enclave assiégée.

Hier (dimanche), le directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré que plus de 449 centres de santé ont été visés par des attaques israéliennes depuis le 7 octobre dernier. «Nous avons confirmé que plus de 449 centres de santé à Ghaza et en Cisjordanie ont été attaqués. Le système de santé de Ghaza est au bord de l'effondrement et seuls 14 des 36 hôpitaux fonctionnent partiellement», a ajouté Ghebreyesus, soulignant qu'un «cessez-le-feu représente la seule solution pour protéger la santé des habitants de Ghaza».

Guterres : Il n'y a aucune protection efficace pour les civils

Dimanche, à Doha, Antonio Guterres a implicitement démenti les assurances américaines que l'armée sioniste tente d'éviter de cibler des civils. Le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a déclaré, lors du Forum de Doha au Qatar, «qu'il n'y avait pas de protection efficace pour les civils dans la bande de Ghaza et que le nombre de victimes était sans précédent». Le SG des Nations Unies a également affirmé qu'il «n'abandonnera pas» son appel à un cessez-le-feu à Ghaza suite à l'échec du Conseil de sécurité d'adopter une résolution exigeant un cessez-le-feu immédiat.

«La semaine dernière, j'ai remis une lettre au président du Conseil de sécurité, invoquant l'article 99 de la Charte des Nations Unies pour la première fois depuis que je suis secrétaire général en 2017. J'ai écrit qu'il n'y avait pas de protection efficace des civils à Ghaza», a-t-il déclaré.

Guterres a aussi averti que l'effondrement du système de santé à Ghaza est proche, et qu'il faut «s'attendre à ce que l'ordre public s'effondre bientôt». «Une situation encore pire pourrait se produire, notamment des maladies épidémiques et une pression accrue en faveur de déplacements massifs vers l'Égypte. Nous sommes confrontés à un risque grave d'effondrement du système humanitaire. La situation se détériore rapidement et se transforme en une catastrophe, avec des implications potentiellement irréversibles pour les Palestiniens, dans leur ensemble, ainsi que pour la paix et la sécurité dans la région», a déclaré M. Guterres.

«J'ai exhorté le Conseil de sécurité à faire pression pour éviter une catastrophe humanitaire et j'ai réitéré mon appel pour qu'un cessez-le-feu humanitaire soit déclaré. Malheureusement, le Conseil de sécurité n'a pas réussi à le faire. Mais cela ne le rend pas moins nécessaire. Je peux donc promettre que je n'abandonnerai pas», a déclaré António Guterres.

De son côté, le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Mohammed Ben Abderrahmane Al Thani a déclaré, lors du Forum de Doha, que l'agression contre Ghaza a montré «l'ampleur du fossé entre l'Est et l'Ouest et la politique des deux poids, deux mesures» de l'Occident.

«Il est regrettable, a-t-il souligné, que les prétextes avancés pour cibler des civils soient acceptables pour certains», appelant à «revoir le système international et humanitaire, où il n'y aura aucun privilège de force et de discrimination».

Intenses affrontements à Khan Younes et Al-Falouja

Samedi et dimanche, la résistance palestinienne a fait état d'intenses affrontements au sol contre les troupes sionistes, faisant plusieurs tués et blessés parmi ces derniers.

Les Brigades Azzeddine Al-Qassam, branche armée du Mouvement Hamas, ont annoncé l'élimination «à bout portant» de «3 soldats israéliens à Al-Faluja» (au nord de Ghaza), et ciblé «6 véhicules sionistes et un bulldozer militaire à l'ouest de Jabalia» avec des missiles antichar «Al-Yassin 105», tuant au moins «10 soldats».

Plus tôt dans la même journée, les Brigades Al-Qassam et les Brigades Al-Qods ont annoncé avoir «ciblé des rassemblements de soldats d'occupation et leurs véhicules militaires sur plusieurs fronts de la bande de Ghaza, causant des victimes directes».

Al-Qassam a également annoncé le «bombardement d'une école où s'étaient retranchés des dizaines de soldats israéliens, à l'est du quartier Al-Zaytoun dans la ville de Ghaza», faisant «des morts et des blessés», ainsi que la destruction totale d'un «véhicule transportant des soldats» au nord de la ville de Khan Younes.

Les Brigades Al-Qods, branche armée du mouvement Al-Jihad, ont annoncé, de leur côté, que leurs combattants avaient tué et blessé plusieurs soldats d'une force sioniste retranchée dans une maison à l'est de Khan Younes, après un affrontement avec des armes légères et des roquettes.

L'armée sioniste compte ses morts

Hier, l'armée israélienne a reconnu que 1.593 de ses soldats ont été blessés depuis le début de l'agression contre Ghaza, dont 255 sont dans un état critique, ajoutant que 559 soldats avaient été blessés depuis le début de l'opération terrestre, dont 127 grièvement.

La même source, citée par Al Jazeera, a précisé que «416 soldats sont soignés dans les hôpitaux, dont 40 dans un état critique et 211 dans un état modéré».

Samedi, toujours selon Al Jazeera, le journal Yedioth Ahronoth a rapporté que «5000 soldats israéliens ont été blessés depuis le 7 octobre».

Le journal a révélé aussi que 2000 soldats blessés ont été reconnus invalides par le ministère israélien de la «Défense», et que sur les 60 blessés quotidiens «la plupart sont dans un état grave», précise encore Al Jazeera. Durant la journée de samedi, les médias sionistes ont annoncé la mort de «5 officiers et soldats» dans les combats à Ghaza et 4 au sud de la bande, et plus d'une vingtaine de blessés, transportés par «l'unité de sauvetage 669» dans les hôpitaux à Haïfa et Bir Sab'a.

Par ailleurs un porte-parole de l'armée sioniste a annoncé, samedi, que 15 soldats avaient été blessés à la suite de bombardements en provenance du Liban.