
Ces derniers jours, des oranges précoces et souvent
contaminées sont vendues sur les étals de différents marchés de la wilaya. «
Les fruits exposés sur les étals n'ont pas eu le temps de mûrir sur l'arbre et
sont asséchées. Les oranges vendues cette année sont certes disponibles mais elles
sont de mauvaise qualité. Elles ne sont plus pulpeuses comme auparavant. Le hic
! C'est que certains commerçants nous vendent même des oranges qui tombent dans
les vergers ! », indique un consommateur, rencontré au
niveau du marché couvert de Tlemcen. Et d'ajouter : « mais ce qui nous inquiète
le plus, c'est que certains fruits vendus comportent de petits trous creusés
par des insectes ! On ne sait pas si ces oranges nuisent ou non à notre santé.
Moi personnellement, je m'abstiens de les acheter, pour éviter tout risque aux
membres de ma famille ».
Selon le président de l'association des irrigants de
la commune de Hennaya (plus de 800 hectares
d'agrumes), « c'est le stress hydrique et les températures élevées qui ont
provoqué ces derniers temps, la maladie de nombreux vergers de la wilaya et
l'apparition de la cératite. Cette situation de sécheresse et d'évaporation
rapide de l'eau influe négativement sur la qualité de l'orange qui n'est
nullement pulpeuse cette année, et conduit à la pourriture et la chute des
fruits avant maturité ». Par ailleurs, Selmane Lablack affiche sa crainte sur le recours aux pesticides
qui favorise une perte de la production et cause la chute de fruits, en cette
période de chaleur. « Malgré l'utilisation des pesticides à moindre dose, de
bonne heure ou tard le soir, nos orangeraies ont été affectées par cette mouche
méditerranéenne, qui attaque les agrumes mais aussi le pommier, le poirier,
l'abricotier, le pêcher, le figuier et le figuier de barbarie, etc. ». Il
souligne la nécessité de stopper la multiplication des forages pour ne pas
épuiser les nappes phréatiques et recommande le recours aux eaux de dessalement
pour l'irrigation et la satisfaction des différents besoins des agriculteurs. «
Les niveaux des nappes et par conséquent des puits et sondages ont fortement
baissé. Pourquoi ne pas opter, dans ces conditions climatiques difficiles, aux
eaux superficielles des barrages. Ce procédé d'irrigation est utilisé dans de
nombreux pays. A titre d'exemple, la Tunisie irrigue quelque 80.000 hectares et
le Maroc environ 35.000 hectares avec les eaux de dessalement en cas de
sécheresse. On pourra aussi procéder à la captation d'eaux superficielles
excédentaires pour les réinjecter dans les nappes souterraines lorsqu'il pleut
beaucoup, pour pouvoir réutiliser les eaux souterraines des nappes lorsque les
réserves d'eau superficielles diminuent ». Pour sa part, l'agrumiculteur, Chaib Tizaoui, qui irrigue son
verger à partir d'oued Sekkak, émet le vœu de la
réalisation d'une deuxième station de traitement des eaux usées et vannes
provenant de la première station d'Aïn Hout, en vue d'apurer davantage les eaux ruisselant le long
de cet oued, qui assure l'irrigation de centaines de vergers de divers types
d'arboriculture. «Une étude même a été réalisée mais on attend toujours !»