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L'impuissance d'un monde en colère

par El Yazid Dib

Les peuples grondent et éjectent leur colère dans la rue contrairement aux conclaves et aux contacts qui se font en coulisses ou en officiel. Que peuvent faire, cependant, les manifestations d'un peu partout à travers le monde contre les tueries de civils palestiniens ? A quoi, en finalité, auraient servi le Droit international et les conventions subséquentes quand c'est toujours le plus fort qui l'emporte ? Si chaque Etat prétend exercer le pouvoir au nom de la souveraineté de son peuple, pourquoi donc ne pas le voir écouter cette voix qui émane, à l'unisson, de ses profondeurs soutenant le peuple palestinien ? Fusant de tous les morceaux du globe terrestre, ces voix éprises de paix et de liberté n'ont cessé de dénoncer haut et fort cette guerre injuste et inégale. Horrible et inhumaine. L'impuissance d'arrêter le massacre réside-t-elle dans l'action pacifique des peuples ou bien dans l'opiniâtreté belliqueuse des régimes qui les gouvernent ? Peut-on dire que les peuples ne sont plus ces peuples qui faisaient tomber les politiques antisociales, impopulaires, fascistes, coloniales comme Octobre 17, Novembre 54, Mai 68, Watergate, Hirak, etc. ? Serait-ce là une question de maturité politique absente chez une jeunesse désidéologisée, que l'on a rivée à un portable et rendue addicte aux sniffs et aux perversions immorales ? Heureusement que dans chaque cycle de l'histoire, il y a, malgré le manque d'épaisseur, toujours une jeunesse alerte, sertie d'engagement et d'esprit de lutte. Cette jeunesse à travers le monde s'est toujours sentie désabusée par le discours en vogue et affiche une nette défiance et un pessimisme outré à l'égard de leurs institutions.

Les États-Unis d'Amérique, premiers coupables indirects de ce crime de guerre, ont connu des protestations populaires juste devant le perron de la Maison-Blanche. Paris, Berlin, Bruxelles, Rome, Londres, Dublin, Sidney, Montréal, Pékin, Montevideo, Tokyo n'ont pu camisoler les cris de colère et le non à cette barbarie sans frontières. C'est au cœur même de Jérusalem, en bas du bureau de Netanyahu que chaque jour des appels sont lancés pour l'arrêt des hostilités et pour le départ de ce criminel. L'interdiction des regroupements pro-palestiniens, en France ou ailleurs, n'ont pas tenu devant la déferlante populaire. La menace par la déchéance de nationalité, l'arrestation pour apologie du terrorisme auront marqué pour longtemps la félonie macroniste, ligotée à la folie siono-atlantique. Dans les pays arabes, la grogne est dans toutes les avenues. Y compris dans les dignes chaumières des royaumes les plus abjects, les plus soumis. Toutes les normalisations scellées avec l'Etat hébreu par ces larbins l'ont été contre le gré des peuples. Malgré ce grand cri universel, le carnage à ciel ouvert persiste de plus en plus. Cela prouve que l'impuissance des peuples n'est pas dans sa volonté de refaire le monde, mais dans la désunion et la haine les uns par les autres que nourrissent les lobbys dominants.