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Maghnia: La «Waada» n'est plus ce qu'elle était

par Cheikh Guetbi

Pendant des décennies, la waada de Sidi M'hammed El Ouassini dans l'extrême Ouest a été un moment pour rappeler les valeurs ancestrales de la région. Cette célébration qui coïncide cette saison avec El Mawlid Ennabaoui, avait acquis une certaine notoriété, attirant des foules de visiteurs de toutes les régions de l'Ouest. C'était bien plus qu'une simple fête, mais un événement mettant en lumière la richesse de la culture et des traditions locales. Cette waada organisée par la douzaine de tribus qui forment les Beni Ouassines, était réputée pour ses spectacles époustouflants, notamment la fantasia, où des cavaliers venant de toutes les régions de l'Ouest présentent des démonstrations à couper le souffle. De plus, les chants et les danses traditionnelles ne faisaient jamais défaut, créant une ambiance enivrante qui durait pendant deux jours. Un élément incontournable de la waada était la préparation et le partage du couscous dans la plus pure tradition. Des familles sous des tentes s'attelaient à cuisiner ce plat emblématique, et il était généreusement servi à tous les participants, symbolisant l'hospitalité et le partage qui caractérisaient cette célébration. Cependant, cette année, la waada qui s'est déroulée les 27 et 28 septembre a laissé un goût amer à de nombreux visiteurs. Certains d'entre eux ont exprimé leur déception quant au déclin apparent de l'événement. "On ne reconnaît plus cette waada", a déclaré un visiteur, pointant du doigt l'évolution négative de la célébration. Après une période d'éclipse durant la décennie noire, les Beni Ouassines avaient réussi à relancer la waada, mais les signes de désintérêt étaient devenus de plus en plus manifestes au fil des ans. L'un des problèmes majeurs constatés cette année était la diminution significative du nombre de tentes dressées pour la préparation du couscous et d'autres plats traditionnels. Pire encore, l'insuffisance de couscous a été comblée par celui apporté par certains volontaires à bord de véhicules, défigurant ainsi l'originalité de cette waada, sans pour autant assurer l'abondance d'antan. Un visiteur a partagé son expérience en soulignant que lorsqu'il est arrivé le deuxième jour vers 11h15, la waada touchait déjà à sa fin. Aucun spectacle à l'exception d'un groupe de mordus de danse alaoui qui profitaient de l'occasion pour assouvir leur passion.

La question qui se pose désormais est de savoir si la waada de Sidi M'hammed El Ouassini peut se remettre de ce déclin ?