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Décision de l'entité sioniste sur le Sahara occidental occupé «Une violation flagrante du droit international»

par Ghania Oukazi

«Cet acte émanant d'une autorité d'occupation au sombre passif en matière de violation des droits internationaux et de la légalité internationale est une énième manœuvre et manifestation de la politique de la fuite en avant prônée par l'occupation marocaine».

Cette remarque pertinente et congrue a été rendue publique jeudi dernier par le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger (MAECNE) au nom des plus hautes autorités algériennes. «L'acte» dénoncé par l'Algérie est la reconnaissance par l'entité sioniste de l'illégale «marocanité» du Sahara occidental. Le palais royal marocain l'a fait savoir en indiquant que c'est le 1er ministre israélien Benyamin Netanyahu qui en a fait part lundi dernier au roi Mohamed VI.

Ce dernier a « remercié » le responsable sioniste par un message qu'il a rendu public mercredi dernier en qualifiant «la décision israélienne de clairvoyante». Mohamed VI a assuré à Netanyahu que «vous êtes le bienvenu pour effectuer une visite au Maroc, à des dates à notre meilleure convenance mutuelle, à définir par la voie diplomatique».    Avec la mention que «cette rencontre «permettra d'ouvrir de nouvelles possibilités pour les relations bilatérales entre le Maroc et Israël ».

Dirigé depuis toujours par des conseillers juifs, le Maroc a officialisé en 2020 publiquement ses relations avec l'entité sioniste et lui a ouvert les portes du royaume sans aucune retenue. En trois ans, le Makhzen s'est empressé d'intensifier en premier sa coopération militaire et sécuritaire jusqu'à permettre à l'armée et aux services de sécurité israéliens d'occuper des positions stratégiques sur son territoire notamment à ses frontières avec l'Algérie. C'est ce qui laisse d'ailleurs les autorités algériennes qualifier la décision de l'entité sioniste concernant le Sahara occidental occupé de «énième manœuvre et manifestation de la politique de la fuite en avant prônée par l'occupation marocaine (du Sahara occidental ndlr)». L'Algérie inscrit sa réaction à «cette énième manœuvre» du Maroc dans la lignée de ses principes immuables concernant les causes justes et légitimes des peuples sahraoui et palestinien et affirme que c'est « une violation flagrante du Droit international, des résolutions du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale des Nations Unies».

« Un flagrant deal» entre le Maroc et l'entité sioniste

L'Algérie est cependant convaincue que cette décision «ne saurait en aucun cas remettre en question le droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination». En prenant acte de l'annonce par les autorités marocaines de «la reconnaissance» par l'occupation sioniste de «la prétendue souveraineté du Maroc sur les territoires du Sahara occidental», l'Algérie estime en effet qu'elle n'est qu'un «flagrant deal» qui «ne saurait en aucun cas légitimer l'occupation des territoires sahraouis ni remettre en question le droit inaliénable et imprescriptible du peuple sahraoui à l'autodétermination, et ce, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité, de l'ONU et de l'Union africaine». Le communiqué du MAECNE souligne encore qu'une telle annonce «montre sans l'ombre d'un doute, la coordination des politiques des deux occupants et leur collusion dans la violation des lois internationales et du droit légitime du peuple palestinien à l'établissement de son Etat indépendant avec El-Qods comme capitale et celui du peuple sahraoui à l'autodétermination».

Le Front Polisario a lui aussi réagi à la décision de l'entité sioniste en la considérant comme « nulle et non avenue ». Les responsables sahraouis dénoncent ainsi «des manœuvres subversives conjointes, sécuritaires et militaires, visant à déstabiliser la région nord-africaine et le Sahel ».

La Turquie où le président Abdelmadjid Tebboune effectue une visite officielle depuis vendredi, après avoir achevé sa visite d'Etat de quatre jours à Beijing (Pékin), tente de (se) replacer en intermédiaire entre les autorités officielles de l'Etat de Palestine et ceux d'Israël. Recep Tayyip Erdogan recevra le 1er ministre israélien Benyamin Netanyahu le 28 juillet prochain pour une visite d'Etat, comme annoncé hier par la présidence turque. Mais trois jours avant, le 25 juillet prochain, le président turc aura reçu Mahmoud Abbas, le chef de l'Autorité palestinienne. C'est donc dans une même semaine qu'Erdogan s'entretiendra avec les deux responsables en évidence sur le conflit qui les oppose. Quel que soit le pays qui se pose en « médiateur » entre les deux parties, il serait indécent voire immorale d'exiger quoi que ce soit des Palestiniens.

Coordination entre «des politiques des deux occupants»

Les territoires occupés sont quotidiennement assiégés par les colons, les espaces religieux musulmans souillés par des pratiques qui marquent davantage le mépris des sionistes à toute forme de respect de la paix, de la justice, de la morale et de la légalité internationale. La judaïsation de l'esplanade d'El Aqsa et de la ville d'El Qods en général prend une ampleur dangereuse et risque de faire disparaître toute trace aussi infime soit-elle de l'existence de Lieux saints de l'Islam et de ses prophètes et aussi de l'identité palestinienne. L'armée israélienne confirme au quotidien, si besoin est, son fait accompli de sa colonisation des territoires palestiniens en détruisant les habitations de nombreuses familles palestiniennes, en continuant de construire partout des colonies juives et en exécutant un véritable génocide du peuple palestinien qui subit les pires exactions et violences au su et au vu de la communauté internationale.

Dans le communiqué du MAECNE de jeudi dernier, l'Algérie a bien pointé du doigt «la coordination des politiques des deux occupants (israélien et marocain ndlr) et leur collusion dans la violation des lois internationales et du droit légitime(?)». En reconnaissant la prétendue « marocanité du Sahara occidental », l'entité sioniste ne fait que «gratifier» à sa manière le royaume marocain pour services rendus. Il lui a en effet permis de s'installer dans ses territoires ouest proches des frontières algériennes au risque de déstabiliser toute l'Afrique du Nord et plus loin encore. La présence militaire et sécuritaire israélienne aux frontières Est du Maroc s'apparente plutôt à une «occupation» de territoires marocains qui inquiète fortement ses propres populations. Les va-et-vient de responsables militaires et politiques sionistes au Maroc depuis 2020 ne présagent rien de bon. Mais consciente des dangers qui pèsent sur la région, l'Algérie sait à quoi s'en tenir quand elle rappelle au Maroc son «sombre passif en matière de violation des droits internationaux et de la légalité internationale».