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A quand un sérum anti-déprime ?

par Abed Cherifi

Les Algériens se sont réveillés mardi matin sur une effroyable mauvaise nouvelle. Un pèlerin algérien a ôté la vie à deux de ses compatriotes dans un hôtel à La Mecque. Selon une déclaration d'un responsable l'Union nationale des agences de voyages, cité par nos collègues d'Al Khabar, l'auteur du double meurtre avait des antécédents psychiatriques. C'est désormais plus qu'une certitude, plus rien ne peut ni ne pourra choquer les Algériens, comme habitués à encaisser les mauvais coups. Et avec tout le peuple, le pays est, lui aussi, bougrement résistant, capable de plier sans jamais se casser un traître osselet. L'Etat a décidé de suspendre la production de l'huile de table dans des bidons de 5L, dans l'espoir de discipliner le consommateur et freiner son appétit gargantuesque...    

Même cela fait rire sous cape l'Algérien, rompu aux moyens de « détourner » la loi toujours à son profit. L'on savait aussi que le peuple, vachement « poreux » et héroïque jusqu'à se faire hara-kiri, a, depuis longtemps reçu le sérum le prémunissant contre la douleur des coups du sort, les coups plus bas que la ceinture, et autres coups de Jarnac, portés dans son dos, transformé en une véritable passoire. C'est que quand le pays a mal à la tête, c'est le peuple qui se shoote au Doliprane... tant qu'il est « trouvable » chez le pharmacien du coin. Et comme l'argent aide à supporter la pauvreté, le peuple se prépare, stoïque, au mois de tous les soucis. Parce qu'il y a belle lurette que le petit peuple a appris que le meilleur moyen de prendre un train à l'heure, c'est de s'arranger pour rater le précédent. Un peu comme les jambes, il y en a qui les utilisent pour marcher et d'autres pour faire leur propre chemin.

Un commerçant politicien honnête étant, selon la légendaire vox populi, une « denrée » depuis longtemps disparue des étalages, il faut croire que ça arrive que la vérité sorte de la bouche d'un squale... déguisé en plancton... Mais c'est toujours parce qu'un journaliste, à la plume érodée, a dû mal comprendre ! Et comme on entre dans le monde anthropophage des affaires avec un bel avenir devant soi et on en sort avec une caverne d'Ali Baba en guise de parachute doré, la seule explication qui vaille vraiment pour apprendre à ne jamais déprimer du « sérieux apoplectique» des hommes chargés de gérer notre destin. La « méthode Coué » fait des miracles en Dézédie, et c'est déjà mieux que rien !