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Des prix à étudier?

par Abdelkrim Zerzouri

Que cherche à atteindre le ministre de l'Industrie pharmaceutique, Ali Aoun, en se renseignant sur le terrain des procédures et du mode de fonctionnement en vigueur au Comité économique intersectoriel de fixation des prix des produits pharmaceutiques ?

Selon un communiqué du ministère, la visite d'inspection inopinée, jeudi dernier, à l'Agence nationale des produits pharmaceutiques (ANPP) a permis à M. Aoun d'échanger avec l'ensemble des représentants des secteurs membres de la Commission présents, notamment ceux de la Caisse nationale des Assurances sociales (CNAS) et des Impôts, mais cela augure d'une mise en œuvre d'une nouvelle politique des prix des médicaments qui tient compte de la maîtrise de la facture d'importation. Laissant entendre, dans ce contexte, que « l'importance d'un prix juste et étudié, appliqué aux produits pharmaceutiques, ainsi que sa contribution, est bien plus efficace et pérenne pour l'Industrie pharmaceutique nationale que la simple baisse des volumes d'importations ». Y a-t-il quelque chose qui ne tourne pas rond dans ce système de fonctionnement en vigueur au Comité économique intersectoriel de fixation des prix ?

Qu'en est-il de la liste des pays comparateurs au niveau régional et international, fixée par une décision ministérielle, en matière de détermination des prix des médicaments par le Comité économique intersectoriel des médicaments ? Selon la réglementation, la proposition du prix du médicament obéit à plusieurs paramètres, dont le taux d'intégration, la comparaison du prix des médicaments de la même classe thérapeutique commercialisés au niveau régional et international, ainsi qu'aux études économiques et/ou pharmaco-économiques, les volumes de ventes réalisés en Algérie, en cas de renouvellement de la décision d'enregistrement, ainsi que les volumes de ventes réalisés dans les pays comparateurs. Exigeant, de ce fait, une actualisation périodique des prix en question.

Les déclarations de M. Aoun laissent effectivement croire qu'il y a beaucoup à faire en la matière, notamment quand il a donné un certain nombre d'instructions et d'orientations pour permettre au Comité intersectoriel de « mieux accomplir ses missions, notamment à travers l'implication effective et la présence obligatoire de tous les secteurs membres ». Le ministre n'a, donc, pas pu discuter pleinement du sujet, avec tous les secteurs membres, vu l'absence de certains d'entre eux, lors de cette visite du ministre à l'ANPP, chose qui laisse un goût d'inachevé et qui en appelle à d'autres rounds de discussions avec les parties concernées à propos de ce point hautement sensible.

Les prix des produits pharmaceutiques, vu les intermédiaires par lesquels passent ces produits, sont-ils abusivement exagérés ? De l'importateur ou producteur au grossiste et jusqu'au détaillant, en l'occurrence l'officine pharmaceutique, les produits pharmaceutiques subissent autant de marges bénéficiaires avant d'arriver au consommateur, qui paie, avec les Assurances sociales (CNAS), les frais de cette chaîne d'intervenants.

D'où la nécessité de se pencher sur ce dossier, avec toute la clairvoyance exigée par l'aspect lié à la santé du citoyen, auquel le gouvernement accorde une priorité absolue, comme l'atteste la période traversée par le pays lors de la récente pandémie mondiale du Covid-19.