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Sommet arabe d'Alger: Le compte à rebours a commencé

par Ghania Oukazi

La tenue du 31ème Sommet des chefs d'Etat de la Ligue arabe entame à partir d'aujourd'hui son compte à rebours pour intervenir «à un moment important pour le monde arabe, d'autant plus qu'il est organisé en Algérie, un pays qui a des liens avec tous les dirigeants des pays arabes», a déclaré jeudi à Alger le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe des Etats membres.

D'ici au 1er et 2 novembre prochain, il ne reste que quelques retouches pour l'organisation d'un évènement d'une importance accrue pour l'Algérie et le monde arabe dans sa globalité. En visite à Alger ce week-end dernier, et tout en qualifiant la tenue du Sommet arabe de «moment important», le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe des Etats membres a estimé qu'«il existe plusieurs éléments qui pourraient conduire à une large participation des dirigeants arabes, un point qui devra enrichir le Sommet, susciter l'intérêt de l'opinion publique arabe et celui des médias arabes». Le SG adjoint de la Ligue arabe, Hossam Zaki, pense que «tout un chacun est conscient de l'importance particulière que revêt la réunion des dirigeants arabes à ce moment précis». A l'issue de ses entretiens avec le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Hossam Zaki a déclaré qu'ils avaient ensemble «passé en revue l'ensemble des questions ayant trait à la tenue du Sommet arabe à Alger, notamment les préparatifs logistiques, le programme, les questions au centre des intérêts des Etats membres, et nombre de dossiers devant figurer à l'ordre du jour du Sommet».

Déjà une première concernant cet événement régional par rapport à ceux qui l'ont précédés et que «l'Histoire retiendra que c'est le premier Sommet de la Ligue arabe sans papier, en ce sens que les dirigeants, les ministres et les ambassadeurs s'attèleront à examiner les sujets inscrits à l'ordre du jour à partir des écrans, sans aucun support papier», comme l'a relevé le SG adjoint de la Ligue arabe. L'on apprend ainsi que «la rencontre arabe d'Alger sera totalement soumise à une logistique numérisée, 0% papier est le slogan du Sommet et un défi à relever pour le bon déroulement des travaux et un petit clin d'œil à la planète et la protection des ressources naturelles», soutiennent des spécialistes de l'environnement.

«Un sujet qui nous désole»

Hossam Zaki a d'autre part fait remarquer que «la Ligue arabe ne s'est pas réunie depuis 2019, en raison de la pandémie de la Covid-19, et voilà que nous sommes à la veille du 31e Sommet arabe (...) qui permettra aux dirigeants arabes d'être réunis au même endroit et de tenir des séances de concertation et des rencontres bilatérales». Il a affirmé alors que»nous aspirons à ce que ce Sommet puisse réaliser ne serait-ce qu'une partie des attentes des peuples arabes à l'égard des questions en lien avec la stabilité, la sécurité, la paix et la prospérité». Pour lui, «il est évident que l'Algérie a décidé de mettre des moyens importants en prévision du Sommet et des visites des dirigeants arabes. Le rendez-vous arabe coïncidera avec l'anniversaire du déclenchement de la Révolution algérienne, une date qui sera célébrée par les Algériens et leurs frères arabes». Il a d'ailleurs tenu à saluer «le sérieux et le professionnalisme» de l'Algérie dans l'organisation de ce Sommet, après qu'il s'est enquis «de tous les détails relatifs aux préparatifs».

Dans un entretien qu'il a accordé jeudi à l'APS, le SG adjoint de la Ligue arabe a mis en avant «les efforts de l'Algérie visant l'unification des rangs arabes et palestiniens à la faveur du Sommet arabe», estimant que «cette démarche se voulait l'amorce d'une action arabe plus efficace». Tout en qualifiant la division des rangs palestiniens de «sujet qui nous désole en tant qu'Arabes», il a noté que»l'Algérie a une longue expérience dans l'unification des rangs (parce qu'elle a) pris l'initiative d'abriter le dialogue palestinien avant la tenue du Sommet arabe». Il fait savoir en même temps que «nombre de pays arabes poursuivent leurs efforts en vue de rapprocher les vues des factions palestiniennes, souhaitant voir les efforts de l'Algérie mettre un terme aux divisions entre Palestiniens».

Un des points importants du Sommet d'Alger, la crise libyenne qui a fait dire, à Alger, au SG de la Ligue arabe que «la question fait face à plusieurs entraves et défis, pour ne citer que la présence militaire étrangère à laquelle la Ligue arabe appelle à éliminer rapidement». Il a rappelé à ce sujet que «la position arabe a été consignée dans l'ensemble des décisions arabes successives, la dernière étant celle du 6 septembre courant»

Autre point qui divise plus qu'il n'unit les dirigeants arabes mais auquel l'Algérie tient absolument, depuis les années 2000 à ce jour, et a tout fait pour l'introduire dans l'ordre du jour du Sommet, «la réforme de la Ligue arabe» au sujet de laquelle Zaki a d'ailleurs souligné que «cette question a été soulevée il y a près de deux décennies, et des amendements y ont été apportés lors du Sommet d'Alger en 2005". Et, a-t-il précisé, «depuis 10 ans maintenant, une commission ouverte à tous les pays a été constituée, de laquelle 4 groupes de travail ont émané en vue d'examiner le sujet de la réforme».

«La réforme de la Ligue ne se fait pas en un clin d'œil»

Il a toutefois averti que «la réforme des organisations régionales et internationales avec un ancien système à l'instar de la Ligue arabe ne se fait pas en un clin d'œil». D'autant que, a-t-il affirmé, «la Ligue arabe est passée par une période difficile, mais elle en est sortie indemne, nous souhaitons que les Etats conviennent des thèmes sujets à la réforme et au développement pour pouvoir clôturer ce dossier».

L'ambassadeur de l'Etat de Palestine à Alger, Fayez Abu Aita, a lui aussi affirmé, jeudi, que le Sommet arabe d'Alger «constituera le plus grand événement politique international en faveur de la cause palestinienne» et a souhaité que»ses conclusions soient exceptionnelles en ce qui concerne l'unification des factions palestiniennes et la convergence de la position arabe vis-à-vis de la cause palestinienne». Abou Aita était jeudi dernier l'invité du Forum El Moudjahid, où il a déclaré que «le Sommet d'Alger sera exceptionnel sur tous les plans(...)». Il a fait part de «sa conviction quant à la capacité de l'Algérie, sous la direction du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, d'unifier les factions palestiniennes et de conjuguer les efforts des pays arabes pour relever les défis auxquels fait face la nation arabo-musulmane».

L'ambassadeur de Palestine a souhaité au sujet de la prochaine réunion consacrée aux factions palestiniennes, que «ces dernières parviennent à un consensus autour de la feuille de route à adopter à même de mettre fin à la division et à cette situation exceptionnelle qui n'a profité qu'au colonisateur sioniste». Il a fait savoir que «ce sont 13 factions activant sous la bannière de l'Organisation de libération palestinienne (OLP), en tête desquelles Fatah, ainsi que les mouvements Hamas et le Djihad islamique qui prendront part à la réunion prévue en octobre».

Abou Aita n'a pas manqué de souligner que»nous aspirons à ce que l'Initiative arabe de paix figure parmi les conclusions du Sommet d'Alger».

Il estime alors qu' «en cas de respect de cette initiative, il sera procédé à la criminalisation de la normalisation jusqu'à la fin de l'occupation sioniste et l'établissement de l'Etat palestinien avec Al-Qods pour capitale». Tout en rappelant l'aide de l'Algérie lors de l'AG des Nations Unies à l'Etat de Palestine pour qu'il obtient le statut de membre permanent, le diplomate palestinien a soutenu que «les positions de l'Algérie en faveur des causes justes s'inscrivent dans le cadre de la légalité internationale et contribuent grandement à la réalisation de la paix et de la sécurité internationales».