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Réfugiés sahraouis à Tindouf: L'ONU lance un appel urgent pour des aides

par Ghania Oukazi

Les Nations unies en Algérie appellent sous le sceau de l'urgence la communauté internationale «à renforcer et accroître son soutien à l'aide alimentaire et nutritionnelle aux réfugiés sahraouis à Tindouf sérieusement menacés d'insécurité alimentaire et de malnutrition».

C'est le coordonnateur résident du Système des Nations unies en Algérie, Alejandro Alvarez, qui a fait hier lecture d'un communiqué dans ce sens en présence des représentants du HCR, de l'agence des Nations unies pour les réfugiés, du Programme alimentaire mondial (PAM) et du Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) ainsi que ceux de la presse.

Cet appel d'urgence à l'aide humanitaire aux réfugiés sahraouis à Tindouf est justifié par «une réduction forcée de 75% des rations alimentaires mensuelles du PAM (qui) est particulièrement inquiétante car elle correspond à moins de la moitié de l'apport calorique quotidien recommandé par personne ». Les précisions des Nations unies à cet effet sont effrayantes. «Chaque bénéficiaire reçoit désormais moins de 5 kg de ration, contre les 17 kg prévus par personne et par mois. Les résultats préliminaires de la mission d'évaluation conjointe et de l'enquête sur la nutrition menées il y a six mois révèlent également une dégradation de la situation nutritionnelle et une augmentation de la prévalence de l'émaciation potentiellement mortelle chez les enfants âgés de 6 à 59 mois, qui passe de 7,6% en 2019 à 10,7% en 2022. La moitié des enfants âgés de 6 à 59 mois sont anémiques, un enfant sur trois souffre d'un retard de croissance et seulement un enfant sur trois reçoit le régime alimentaire diversifié minimum dont il a besoin pour grandir et se développer sainement », est-il rapporté.

Les diplomates onusiens en poste à Alger rappellent que «pendant plus de quatre décennies, le Gouvernement algérien et les donateurs internationaux ont fait preuve d'une solidarité constante avec les réfugiés sahraouis en fournissant un soutien humanitaire d'une importance vitale et qui doit être reconnu ». Malheureusement, disent-ils, «sous la pression des défis mondiaux, ce soutien est désormais insuffisant pour répondre aux besoins actuels. Les fonds nécessaires à la seule assistance alimentaire ont doublé pour atteindre 39 millions de dollars cette année, contre 19,8 millions de dollars avant le déclenchement de la pandémie». Ils affirment ainsi qu'ils font face tout autant que d'autres acteurs humanitaires «à d'importants déficits de financement provoqués par l'impact de la pandémie de la Covid-19, la hausse mondiale des prix des denrées alimentaires et du carburant qui en a résulté, et les effets de la guerre en Ukraine ». Une situation qui, relève Alvarez, «a profondément affecté tous les secteurs de l'aide humanitaire, entravant de manière inquiétante l'accès des réfugiés à la nourriture, à l'eau, à la santé, à la nutrition, à l'éducation et à d'autres services de subsistance essentiels». Le coordonnateur résident des Nations unies estime que « la solidarité internationale est cruciale pour stopper la détérioration rapide de la situation nutritionnelle dans les camps de réfugiés et ses effets durables pour la population, en particulier les enfants ».

Le Système des Nations unies en Algérie appelle la communauté internationale « à renouveler ses efforts et à fournir un soutien supplémentaire rapide pour apporter une réponse appropriée à cette urgence ». Un appel lancé, précise Alvarez, «aux institutions étatiques tout autant qu'aux donateurs privés qui peuvent être mobilisés ».