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Tlemcen: Le calvaire des exploitants de la carrière de Tizghanit

par Khaled Boumediene

Les dégâts collatéraux de la décennie noire n'en finissent pas. En effet, Miloud Barka et son frère Omar, qui exploitaient depuis 1988 la carrière d'agrégats (autorisation d'exploitation n° 347 de la DRAG) à Tizghanit dans la commune de Béni Mester, n'ont toujours pas le feu vert pour reprendre leurs activités d'extraction des granulats (gravier 3/8, 8/16, 16/25, cailloux et sable fin). Pour rappel, l'ancienne carrière de la famille Barka a vu défiler des centaines de personnes (maçons, habitants, entrepreneurs privés et publics, etc.), de tout âge, qui préféraient s'approvisionner en matériaux de construction de cette exploitation de concassage des graviers et sables, créée bien avant l'indépendance du pays par leur père, Hadj Mohamed. La carrière des Barka rendait de louables services aux nombreux bâtisseurs de cette commune et de la wilaya. Le début du cauchemar que vivent ces jeunes propriétaires commence en 1997 lorsque des groupes armés activant dans cette région montagneuse se sont attaqués à leurs locaux et matériels.

La région traversait alors une époque sanglante lors de cette décennie. Miloud Barka et son frère Omar, craignant des descentes de terroristes, ont décidé de fermer leur carrière pour laquelle ils avaient mis toute leur économie et consacré leur temps, et attendre que la sécurité revienne dans cette localité, qui abrite aussi les agglomérations de Zelboun et Ain Douz, situées à jet de pierre du chef-lieu de Tlemcen.

Cependant, les premières inquiétudes commencent à se manifester malgré l'amélioration de la situation sécuritaire du pays quelque temps plus tard. L'administration concernée opposait un silence total à la demande de relance des activités de la carrière. « Les responsables concernés observent un silence mystérieux. Ils ne veulent ni approuver ni désapprouver la demande de reprise de nos activités minières, pourtant je dispose de plusieurs avis favorables émis par les services successifs d'APC de Béni Mester et de daïra de Mansourah. Je ne comprends pas les causes de ce silence.

Cette attitude incompréhensible nous a fait perdre beaucoup de temps car elle bloque la reprise des activités de notre carrière et nous cause un grand préjudice moral et financier, car la corrosion a touché toutes les installations et matériels de la carrière. Nous sommes ruinés», se lamente Miloud. « Je lance un appel aux autorités concernées pour qu'elles règlent ce problème qui s'éternise et qui nous fait perdre beaucoup de temps.

Nous n'avons jamais recouru à des prêts auprès des banques ou pris l'argent de l'Etat, pour le dépenser dans notre carrière et on ne le fera jamais. Tout ce que l'on demande c'est qu'on nous laisse au moins reprendre la production des agrégats et travailler comme on le faisait depuis plusieurs années avant», conclut notre interlocuteur.