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Cyber-sécurité: Les entreprises algériennes exploitent-elles la réglementation en vigueur ?

par M. Aziza

Bien que la cyber-sécurité soit l'une des priorités des pouvoirs publics pour assurer la souveraineté numérique, l'Algérie demeure un pays consommateur à 99% des systèmes de sécurité numérique.

C'est ce qu'a affirmé à notre journal le fondateur et président de l'African Cyber Security Summit (ACSS), M. El Mehdi Zakaria, en marge de la conférence de presse tenue, hier, au siège de la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC), autour du lancement de la 3e édition de l'ACSS, sous le thème «A Secure Digital Africa». Un évènement d'envergure qui se tiendra les 16 et 17 novembre 2022 à Alger. Il a tenu à affirmer qu'il y a quelques initiatives sur les systèmes de sécurité numérique qui sont aujourd'hui portées par quelques entreprises algériennes, «mais c'est embryonnaire». L'ambition qu'a tracée ce forum de l'ACSS, c'est, dit-il, de pouvoir créer des innovations algériennes et donner envie aux entreprises du domaine numérique, aux startups et aux jeunes de s'emparer de ces sujets-là. Il précise : «Il n'y a que les enfants de ce pays qui vont défendre l'Algérie».

En soulignant que «parler de cyber-sécurité, c'est parler de la défense du pays et de sa souveraineté». Autrement dit, «c'est assurer une sécurité numérique à nos enfants, à nos entreprises, à nos institutions et à nos administrations ». Du point de vue réglementation, notre interlocuteur a affirmé que la législation en vigueur permet aisément l'innovation et la mise en place des systèmes de sécurité. Il a cité dans ce sens le décret 20-05 du 20 janvier 2020, portant installation d'une autorité nationale en matière de sécurité informatique. Et qui, par son article 41, ordonne aux entreprises nationales de désigner un responsable de la sécurité informatique. Il ajoute que cela démontre que les pouvoirs publics donnent une grande importance à la souveraineté numérique de notre pays. Mais, regrette-t-il, «l'Algérie a travaillé durant une vingtaine d'années pour l'élaboration d'une réglementation qui protège le citoyen et les entreprises et les institutions contre cette cyber-guerre, mais on se pose toujours la question, est-ce que les entreprises algériennes exploitent cette réglementation ?» D'où la nécessité de sensibiliser et de vulgariser la réglementation en question. Les organisateurs de la conférence de presse ont mis l'accent, par ailleurs, sur la nécessité d'encadrer davantage les activités liées à la cyber-sécurité. Souheil Guessoum, président du Syndicat national du patronat citoyen du numérique (SNPCN) a plaidé pour une réglementation un peu plus importante de l'activité de cyber-sécurité. Et ce, en octroyant des registres de commerce spécialement pour l'activité comme ce qui se fait en Europe, en Amérique du Nord et en Asie. L'enjeu est de développer davantage nos systèmes de sécurité, pour avoir la meilleure expertise au niveau local, régional et pourquoi pas au niveau international. M. Guessoum précise «qu'autour de moi, je vois chaque jour des entreprises attaquées». Il précise que «les piratages existent à tous les niveaux», d'où la nécessité d'avoir une politique de protection qui soit vraiment vulgarisée. Samy Agli, président de la CAPC (co-organisateur de l'événement ACSS), s'est dit honoré d'être partenaire et de soutenir la 3e édition du ACSS. Il dira que cet événement de référence prévu pour les 16 et 17 novembre est un véritable carrefour d'échanges et de débats sur un sujet d'une importance stratégique, voire capitale et l'un des défis les plus importants auxquels sont confrontées les entreprises». Le sommet verra la participation d'une centaine d'intervenants nationaux et étrangers notamment africains sur «la guerre cybernétique » et sur les moyens de lutte techniques et scientifiques. Pour les organisateurs de ce sommet africain, «il n'est plus question que l'Algérie organise seulement des évènements locaux, mais on ambitionne d'organiser des rencontres régionales et pourquoi pas internationales», dira le président de l'ACSS, en enchaînant : «L'Algérie ne peut qu'être au-devant de la scène», précisant que «nous ne pouvons plus nous permettre d'être des suiveurs mais nous devons être des leaders».

Coupure d'Internet au bac et les alternatives

Interrogé par les journalistes sur les solutions existantes pour éviter les coupures d'Internet durant les épreuves du baccalauréat, le président de l'ACSS a affirmé que pour cette session, les pouvoirs publics ont fait beaucoup mieux que les années précédentes. En soulignant : «Il y a eu des coupures intermittentes, donc, il ne s'agit pas de coupures totales». Et d'affirmer qu'il n'est pas en mesure de critiquer ceux qui ont opté pour cette solution, afin de dissuader les tricheurs et les fraudeurs auteurs des fuites des sujets, notamment sur les réseaux sociaux. Il dira que cette décision a été sûrement prise sur la base de discussions et de débats avec les gens du domaine». Sans rentrer dans les détails, il dira que d'autres solutions envisageables pour lutter contre la fuite des sujets existent, notamment la sensibilisation et la moralisation sur la question de l'éthique pour qu'on ne triche pas. Et sur un autre volet, il dira «qu'on doit s'inspirer des expériences qui ont déjà prouvé leur efficacité de lutte contre ce phénomène à travers le monde».