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La liberté de tuer

par Abdou BENABBOU

Les tragédies se répètent aux Etats-Unis sans que l'on sache si l'enfer finirait. Les tueries se répètent chaque semaine causant la mort de dizaine d'innocents parmi lesquels une majorité d'enfants censés clore au cœur d'un pays qui se vante, avec tambours et trompettes, d'être la première puissance mondiale.

Mardi passé, un jeune homme de 18 ans à peine sorti de l'adolescence s'arme d'un fusil d'assaut et s'en va mitrailler des enfants dans une école primaire. Un tel carnage n'est pas isolé, loin s'en faut et la liste d'horreurs semblables est si longue qu'elle semble inscrite dans un logiciel ancré dans la société américaine. Il ne peut en être autrement puisque ce lourd attribut est gravé dans le deuxième amendement de sa Constitution en garantissant à chaque citoyen de posséder une arme.

Cette forme de latitude extrême accordée à chaque individu est une forme de liberté totale très paradoxale autorisant n'importe qui de tuer ses concitoyens au nom d'une démocratie pour laquelle les Américains ont donné un sens qui leur est particulier. On pourrait comprendre dès lors les soubassements de la tendance guerrière de leur politique étrangère souvent guidée à l'ombre des conjonctures internationales par le puissant lobby des industriels de l'armement.

Mais il serait injuste de déduire que le peuple américain est par essence violent. Cependant la notion de citoyenneté et de la démocratie est si assimilée à liberté totale des électrons qu'elle a fini par imposer une profonde culture de l'individualisme où chacun doit se débrouiller pour vivre comme il le pourrait. Une telle culture peut parfois aboutir à la liberté de tuer à l'aveuglette pour peu que la folie soit convoquée par l'impossibilité de s'y adapter.

Leaders mondiaux dans la plupart des domaines, par la réputation surfaite du rêve américain qu'ils suggèrent et par le ravalement des cultures qu'ils imposent au monde par sa puissance de contamination de toutes leurs modes de vivre et d'être, les USA ont désarticulé bien de sociétés humaines. Leur culte des maniements des armes a réussi à s'imposer comme une parfaite colonisation nouvelle.

La violence et ses tragédies sont toujours au bout pour tendre à devenir une constante universelle.