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Partenariat: Les raisons de l'abandon du projet « Desertec »

par El-Houari Dilmi

Plus de 111 opérateurs internationaux spécialisés dans les énergies renouvelables ont retiré le cahier des charges relatif à l'appel d'offres pour la réalisation de stations d'énergie photovoltaïque d'une capacité de 1.000 MW dit «Solar 1000», a indiqué, hier, le secrétaire général du ministère de la Transition énergétique et des Energies renouvelables, Mahmah Bouziane.

S'exprimant sur les ondes de la Radio nationale, Mahmah Bouziane a indique que les 111 industriels étrangers sont issus de 15 pays dans quatre continents, « un nombre appelé à augmenter puisque la date d'ouverture des plis a été reportée au 15 juin prochain au lieu du 30 avril dernier », a-t-il précisé. Le secrétaire général du ministère de la Transition énergétique et des Energies renouvelables a également indiqué que « l'Algérie parie sur le développement des énergies renouvelables, l'énergie solaire en premier, pour remplacer les énergies fossiles sur la base d'un modèle de consommation reposant sur la diversification des ressources en mobilisant toutes nos capacités nationales en matière de ressources énergétiques », a-t-il souligné.

« Inspirée du programme du président de la République, la volonté politique existe pour arriver progressivement à un développement satisfaisant des énergies renouvelables et en faire un axe principal du nouveau système énergétique du pays », a-t-il expliqué. « Grâce au projet «Solar 1000», nous pouvons atteindre, dans une première étape, une production annuelle de 1000 mégawatts d'énergie électrique sur un objectif d de 15.000 mégawatts à l'horizon 2035 », a encore indiqué le représentant du ministère de la Transition énergétique et des Energies renouvelables.

Le projet « Solar 1000 MW » « va aussi permettre d'augmenter la part des énergies propres dans le mix énergétique national, en plus de la création d'emplois et l'amélioration des conditions de vie des citoyens », a-t-il expliqué. «Cet ambitieux projet doit reposer sur un investissement étranger avec la participation du capital national résident, en vue de soulager la pression qui pèse sur le Trésor public et les financements publics », a-t-il estimé.

Au sujet du projet éco-énergétique « Desertec » dans le Sud algérien, Mahmah Bouziane a indiqué que « ce partenariat algéro-allemand n'était pas rentable économiquement », a-t-il tranché. «Certains se trompent en pensant qu'il s'agit d'un cadeau de la part de l'Allemagne et que nous avons perdu gros en abandonnant ce projet », a-t-il affirmé. « Bien au contraire, ce projet violait les fondements de base, dont la rentabilité économique et le partenariat gagnant-gagnant sur lequel repose tout projet économique », a-t-il ajouté.

L'invité de la Radio a également expliqué que «Desertec » collectait à l'époque plus de 400 milliards d'euros, avec une valeur marchande de 560 milliards de dollars, « une valeur qui n'est pas accordée par le gouvernement allemand, mais plutôt un conglomérat financier parmi les actionnaires locaux, avec pour objectif de produire 17 pour cent de l'énergie à l'horizon 2050 de l'espace européen », a-t-il révélé. Le même responsable a ajouté que le projet « Desertec » reposait sur un concept technique très clair, qui est le « networking », c'est-à-dire un ensemble d'entités devant relier la ceinture désertique qui s'étend de la République sahraouie à la Palestine, puis jusqu'à à la péninsule arabique et la Turquie ». Mahmah Bouziane s'est interrogé à ce titre sur le « gain qu'aurait généré ce projet pour l'Algérie puisque qu'il ne permet pas de transfert de technologie, mais plutôt l'implantation de stations en échange de redevances», a-t-il révélé.

L'autre « raison grave » qui a poussé l'Algérie à se retirer du projet est cette « autorité technique de gestion du réseau de manière supranationale, ce qui veut dire outrepasser l'autorité des gouvernements nationaux, ce qui constitue une atteinte à notre souveraineté nationale », a-t-il détaillé.

Deux autres raisons à l'origine de l'abandon du projet « Desertec »: « l'implantation d'une centrale éolienne qui s'étend sur une distance de 1200 km le long de la côte atlantique de la République arabe sahraouie, ce qui constitue une violation de la souveraineté de territoires sahraouis, et la seconde raison est liée à ce qui devait être un projet d'alimentation en énergie électrique et en eau potable de Ghaza et donc une collaboration financière avec l'entité sioniste », a-t-il conclu.