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Le dénominateur commun

par Abdelkrim Zerzouri

Depuis quelques jours, la scène politique nationale s'est ranimée dans le sillage de formes d'appel au «rassemblement» autour du président de la République, mis en avant par l'agence de presse officielle, mais sans l'attribuer à aucune partie. Tout juste, on laisse entendre que le «rassembleur» est le président de la République, dont la «main tendue» n'a exclu que «ceux qui ont franchi les lignes rouges et qui ont largué les amarres avec leur patrie». Excepté cette marge, aucun Algérien ne doit se sentir «marginalisé dans la nouvelle Algérie qui leur tend les bras pour ouvrir une nouvelle page». Il n'en fallait pas plus pour dévoiler le cadre d'un projet politique qui requiert la mobilisation de la classe politique et la société civile. D'ailleurs, les choses se précisent et se précipitent avec l'intervention à la télévision du président du Conseil de la nation, Salah Goudjil, samedi soir, en style direct, qui n'a pas laissé de place au doute. Dans ce contexte, il a appelé les acteurs de la société à adhérer à la démarche présidentielle pour «asseoir les bases et dessiner les contours de l'Algérie nouvelle», dans le cadre de la «politique de rassemblement» prônée par le chef de l'État. Et pour ceux qui attendent à ce propos une annonce officielle de la présidence, elle est portée par le message du président de la République à l'occasion de la célébration de la Journée nationale de la mémoire. «En ce jour mémorable, et au moment où nous nous remémorons les sacrifices consentis par le peuple lors d'une période charnière de l'histoire de la nation, la meilleure expression de loyauté à la patrie, dans un contexte de défis multiples, demeure le resserrement des rangs pour pouvoir traiter, avec l'efficacité et la célérité requises, notre situation socioéconomique», a-t-il relevé dans son message. Un appel clair au «resserrement des rangs», qui nous permettra d'«interagir avec le monde extérieur et faire face aux tensions et fluctuations successives avec un front interne soudé en mesure de consolider la place de l'Algérie dans le contexte des nouveaux équilibres que connaît le monde», souligne encore le président Tebboune.

C'est fait, l'appel au rassemblement est des plus officiels ? Certainement qu'on va encore attendre d'autres signes, d'autres éclaircissements sur ce rassemblement et comment y parvenir. Parce que certains y mettront des conditions, et d'autres adhèrent à ce principe sans se poser trop de questions. Au fond, le rassemblement des Algériens autour du président de la République, qui est le président de tous les Algériens, a-t-il besoin d'un quelconque appel ? N'est-il pas un comportement naturel et civilisé de se rassembler autour du président de la République après son élection ? Tous ceux qui ambitionnent un jour occuper le Palais d'El Mouradia, qu'ils soient des opposants politiques à l'actuel premier magistrat du pays ou des sympathisants, doivent eux-mêmes encourager les Algériens à se rassembler autour du président de la République, haut symbole de l'Etat, et perpétuer une tradition démocratique dont on peut avoir grand besoin demain. Le resserrement des rangs, donc, n'est pas un rassemblement d'une diversité politique, mais une complicité, un dénominateur commun, qui mettrait les intérêts de l'Algérie au-dessus des intérêts partisans.