L'ami est celui qui répond présent quand on a besoin de
lui. Qui ne nous juge pas, qui ne nous sous-estime pas, qui ne nous méprise
pas. Qui, à la veille d'un souci majeur, sait nous effacer une larme sur la
joue, nous rendre le sourire, égayer notre cœur. Il est toujours là, tel un
confident intime, qui, d'une rive lointaine, sait enjamber les distances pour
parvenir au bord de nos tripes; pour réhabiter le vide de notre existence; pour nous prêter
main-forte; pour nous conseiller; pour nous soulager; pour nous accompagner;
pour nous guérir des maux, combien nombreux, d'un monde, le nôtre, qui marche à
l'envers. L'ami tient un peu du frère qu'on peine à avoir;
du père qu'on a perdu; d'un proche parent que les aléas du temps ont fait
éloigner du territoire de notre bonheur. L'ami est une feuille de jasmin, qui,
par ses effluves odorants, parfume nos jours et les rend une oasis de
merveilles et de joies. Ne cessant d'être lui-même, il nous incite à être nous-mêmes; nous renvoyant, à chaque fois que l'occasion se
présente, l'image qu'il se fait de nous. L'ami, c'est notre miroir;
c'est notre œil critique; notre vis-à-vis; notre double-moi; notre âme sœur,
qui, même nageant en plein bonheur, pense à nos galères; à nos détresses, à nos
malheurs qu'il fait siens. Il n'est pas dans un rapport de réciprocité, mais de
complémentarité. Il est fraternel; il est solidaire;
il est compatissant; il est même, dirais-je, une âme télépathique, qui, quoiqu'il fasse, ne change pas de regard sur nous: il sent
ce que nous ressentons, il comprend ce que nous pensons; il réagit à ce qui
nous réjouit ou nous torture de l'intérieur. L'ami, c'est notre lettre d'espoir
quand tout nous paraît gris, quand on est seuls face à l'adversité, quand tout
le monde nous tourne le dos...