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Le fusil et le burnous

par El-Houari Dilmi

L'armée algérienne s'est presque habituée aux attaques répétées dirigées contre l'une des institutions les plus sensibles du pays. Cachés derrière un miroir sans tain, ceux qui veulent nuire à l'image de l'armée sont connus de tous. Ici comme ailleurs. L'histoire, ancienne et contemporaine, nous a montré que l'institution militaire a toujours été là quand la République chavirait dangereusement. Ce n'est pas la peine de pérorer sur les intentions de ceux qui portent des accusations, ébouriffantes de légèreté, contre l'ANP quand celle-ci a toujours été le premier rempart infranchissable contre les ennemis de l'Algérie, d'hier, d'aujourd'hui et de demain.

Longtemps confinée dans son rôle de grande muette, c'est justement quand l'armée décide de parler et rappeler aux oublieux ses principes immuables que ça dérange ceux qui nous appellent à vendre le fusil pour acheter un burnous. L'expérience des pays, à commencer par nos voisins dans la tourmente, nous a montré que quand l'armée est la première ciblée, le pays s'effondre sur ses propres fondations. Tel un cheval de Troie, les théoriciens de la pensée néocolonialiste, drapée dans le soft power ou les «révolutions colorées», commencent par noyauter les armées fantoches pour servir d'abord leurs intérêts et semer sang et chaos dans des pays dont certains ne se relèveront probablement jamais. Plus que tout le monde, l'armée est consciente des menaces protéiformes qui pèsent sur le pays, certaines d'entre elles sont si dangereuses que seule la force de dissuasion de l'institution militaire est capable de conjurer.

Détourner l'armée de sa raison d'être et de sa vocation constitutionnelle, celle de sécuriser le pays dans les zones insécurisées, notamment sur les flancs Est et Sud, et faire face à la menace majeure de cette corrélation spatio-temporelle entre terrorisme, crime organisé et immigration clandestine, est l'un des objectifs inavoués, qui doit absolument être déjoué, de la guerre dite de «quatrième génération». L'ampleur des risques et menaces et leur immédiateté physique ne peuvent que diriger le regard de l'ANP vers cette constante purement algérienne, celle de ne se mêler des affaires de personne quand personne ne fourre son nez dans nos affaires intérieures. Le reste, tout le reste, n'est que clabauderie et commérages de personnes babillardes.