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Sonatrach: Un 4e turbocompresseur pour augmenter la capacité de Medgaz

par Abdelkrim Zerzouri

  Ceux qui ont misé sur l'incapacité de l'Algérie à honorer ses engagements gaziers avec ses clients espagnols et portugais, au lendemain de la décision de fin de contrat du Gazoduc Maghreb Europe (GME) qui alimentait l'Espagne en passant par le Maroc (31 octobre 2021), doivent bien déchanter.

L'Algérie a pu, à travers Sonatrach, honorer tous ses engagements contractuels avec la partie espagnole (10,5 milliards de mètres cubes) exclusivement via le gazoduc Medgaz, «sans le moindre problème», a affirmé le P-dg du groupe, Toufik Hakkar. Et, la situation va en s'améliorant encore plus avec la mise en service en ce mois de janvier du 4e turbocompresseur du gazoduc Medgaz qui assure le transport du gaz algérien vers l'Espagne et le Portugal. Ce qui fera dire à M. Hakkar, lors d'un passage sur la chaîne «Al24News», que ce turbocompresseur permettra d'assurer les approvisionnements des marchés espagnol et portugais en gaz algérien conformément aux quantités contractuelles et de répondre aux éventuelles demandes de quantités supplémentaires. Concernant les quantités de gaz supplémentaires, le premier responsable du Groupe dira que les clients espagnols n'ont demandé à ce jour aucune quantité au-delà de celles prévues dans les contrats, mais s'ils le font, Sonatrach est prête à négocier la quantité, le prix et les modes de transport. Les capacités algériennes de liquéfaction sont importantes et peuvent être utilisées pour répondre à toute demande de quantités supplémentaires par l'Espagne, a-t-il soutenu, ajoutant que «vu sa proximité géographique, l'Espagne pourra recevoir sa commande en moins de 24 heures».

S'agissant des informations qui ont circulé récemment au sujet du déplacement, ces derniers mois au Maroc, de navires de transport de gaz relevant de Sonatrach, M. Hakkar a précisé qu'il s'agissait du «transport de petites quantités de gaz propane et butane dans le cadre d'anciens contrats avec des clients marocains». «Arrivés à expiration fin 2021, ces contrats n'ont pas été renouvelés conformément aux décisions souveraines de l'Algérie en la matière», a-t-il poursuivi. Et «les quantités qui étaient initialement destinées au marché marocain ont été réorientées vers d'autres marchés méditerranéens», a expliqué M. Hakkar, soulignant que «l'expérience de Sonatrach dans ce domaine lui a permis de trouver rapidement de nouveaux marchés».

Sur un autre registre, il a indiqué que Sonatrach se remet sur des positions solides avec le redémarrage de l'économie mondiale, réussissant à réaliser des exportations d'hydrocarbures d'une valeur de plus de 34,5 milliards de dollars (contre 20 milliards de dollars en 2020), tandis que les revenus sur le marché national se sont élevés à 2,5 milliards de dollars. Aussi, les quantités totales de production de Sonatrach ont enregistré une croissance de 5% à la fin de 2021, selon le P-dg, qui a déclaré que les quantités exportées ont augmenté de 19% au cours de l'année écoulée. Ce qui a contribué à l'amélioration des revenus de la société, qui avaient augmenté de 70% en 2021 par rapport à 2020, grâce à l'augmentation de la valeur de ses exportations d'hydrocarbures.

«Avenir florissant» pour les hydrocarbures

Concernant l'année 2022, il a souligné la détermination de Sonatrach à poursuivre son plan de développement des capacités de production nationales afin de répondre aux besoins internes, qui enregistrent une croissance annuelle de 5%, ainsi que les obligations contractuelles avec divers partenaires, notamment en Europe et en Asie. Ainsi, tirant profit de ces indicateurs positifs, Sonatrach investira 40 milliards de dollars à l'horizon 2026, dont 8 milliards de dollars en 2022. Pour assurer la mise à disposition de ces fonds, la Sonatrach doit maintenir la stabilité des prix du pétrole dans une fourchette de 70 dollars le baril, selon M. Hakkar. Ces prix peuvent bien connaître un recul, selon l'évolution de la crise et la reprise de l'économie notamment, mais le baril pourrait bien atteindre plus de 100 USD à moyen terme en raison du faible niveau des investissements dans l'exploration et le développement, a-t-il indiqué dans ce sillage. Quant à la situation du marché gazier, le P-dg de Sonatrach a estimé que la hausse enregistrée ces derniers mois était le résultat de la politique énergétique adoptée par les pays consommateurs, une politique qui repose sur la transition vers les énergies renouvelables et le recours aux contrats d'achat direct «spot» au lieu des contrats à long terme. M.Hakkar a assuré dans ce sillage qu' « un avenir florissant » attendait les hydrocarbures (gaz et pétrole), en ce sens que la plupart des études confirment que les énergies fossiles jouiront d'une place pionnière sur le marché jusqu'en 2050, mais en dépit de cela, certains pays consommateurs ont adopté des plans «précipités» en vue de transiter vers les énergies renouvelables. Ces Etats mènent une «guerre» contre les hydrocarbures au nom de la préservation de l'environnement, mais en vérité il ne s'agit que d'une «guerre d'intérêts», a-t-il estimé. «Il n'est pas raisonnable d'admettre des plans de préservation de l'environnement en luttant contre les hydrocarbures à elles seules et en fermant les yeux sur le charbon qui est parmi les énergies les plus polluantes», a considéré M. Hakkar, non sans souligner que Sonatrach a alloué dans son plan prospectif 500 millions de dollars d'investissements pour protéger l'environnement.

Concernant les projets de la Sonatrach à l'extérieur du pays, le même responsable a révélé que les efforts se poursuivent pour ramener la société en Libye afin d'achever ses projets pétroliers, en créant les conditions appropriées, notamment en ce qui concerne la sécurité et la sûreté des travailleurs et des équipements.

Dans ce même contexte, en réponse à une question sur le projet de gazoduc Algérie-Niger-Nigéria, le P-dg de Sonatrach a annoncé l'achèvement imminent des études menées par des groupes de travail mixtes. Des études qui visent à mettre à jour les données fournies par les études de faisabilité réalisées entre 2009 et 2014 avec des financements de banques internationales, afin de donner une vision plus précise du processus et du coût d'investissement, a-t-il expliqué, soulignant que «le travail se poursuit, et au cours des prochains mois, nous annoncerons les résultats».