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Le président Tebboune au magazine allemand «Der Spiegel»: «Macron a blessé la dignité des Algériens»

par El-Houari Dilmi

Le coup de froid entre Alger et Paris risque bien de s'installer dans la durée. Dans un entretien accordé, vendredi, au magazine allemand «Der Spiegel», le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, est revenu sur la relation difficile avec la France. Le président algérien a reproché ses propos récents à Emmanuel Macron et «ne présage pas d'apaisement entre les deux pays dans un avenir proche».»On ne touche pas à l'histoire d'un peuple, on n'humilie pas les Algériens», s'est indigné Abdelmadjid Tebboune dans cet entretien. «Est-ce qu'il y avait une nation algérienne avant la colonisation française?». La déclaration blessante, relayée par le journal «Le Monde», avait provoqué le rappel de l'ambassadeur de l'Algérie à Paris, signe de relations de plus en plus tendues au cours des derniers mois. «M.Macron a blessé la dignité des Algériens.

Nous n'étions pas un peuple de sous-hommes, nous n'étions pas des tribus nomades avant que les Français viennent», a lancé le chef d'État. Il a encore rappelé que le Président français «avait reconnu la colonisation comme un crime contre l'humanité, et affirmé donc ne pas comprendre sa position selon laquelle l'Algérie entretient une rente mémorielle pour servir à son peuple une histoire officielle qui ne s'appuie pas sur des vérités ; il a repris le même discours que tient le journaliste et auteur Éric Zemmour depuis longtemps», a reproché le président Tebboune.

Toujours selon le magazine allemand, Abdelmadjid Tebboune, «jure qu'il ne sera pas le premier à faire le pas pour améliorer les relations, sinon je perds tous les Algériens». Le magazine titre d'ailleurs son article «Quand Macron appelle, il ne décroche pas. Pourquoi?». «Aucun Algérien n'accepterait que je reprenne contact avec ceux qui ont formulé ces insultes», a-t-il répondu.

Interrogé sur une fin de crise bilatérale «bientôt», le Président algérien est catégorique: «Non». «C'est un problème national, ce n'est pas un problème du Président de la République», a-t-il estimé. En attendant, l'espace aérien algérien est toujours fermé aux avions français, ce qui rend plus longs les trajets pour se rendre au Niger ou au Mali, peut-être pour longtemps. «Peut-être que c'est simplement fini maintenant», a conclu le président algérien. Le magazine allemand rappelle également le passé colonial français en Algérie, «qui a toujours rendu les relations difficiles entre les deux pays». «Plusieurs tentatives de normalisation dans les années 1970 et 1980 ont été réduites à néant en 2005 avec la promulgation de la loi sur le rôle positif de la colonisation, bien qu'abrogée au bout d'un an. Quelques déclarations de Sarkozy puis Hollande sur les effets néfastes de la colonisation n'ont pas non plus suffi», écrit «Der Spiegel».