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Conférence de stabilisation de la Libye: «Rejet total des ingérences étrangères»

par El-Houari Dilmi

L'Algérie mène un forcing diplomatique depuis plusieurs mois, pour une solution politique négociée en Libye.

La ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla Mangoush, a réaffirmé, jeudi, le rejet du gouvernement libyen de toutes sortes d'ingérences étrangères dans les affaires intérieures du pays. «Le gouvernement d'unité nationale de la Libye réaffirme son engagement permanent, ferme et fort en faveur de la souveraineté, de l'indépendance, de l'intégrité territoriale et de l'unité nationale de la Libye, et son rejet total des ingérences étrangères dans les affaires libyennes», a déclaré Najla Mangoush, dans un communiqué publié à la fin de la Conférence de stabilisation de la Libye, qui s'est déroulée jeudi à Tripoli, la capitale du pays.

En effet, selon le communiqué, le gouvernement libyen a salué «le rôle central des Nations unies, ainsi que les efforts de l'Union africaine, de l'Union européenne, de la Ligue arabe et des pays voisins, pour soutenir la stabilité en Libye : la fin du conflit et la réalisation de la sécurité et de la stabilité en Libye sont la base de la paix et de l'édification de l'Etat, un pilier de la coexistence pacifique et un moteur pour l'économie et le développement », a ajouté le communiqué. Le gouvernement libyen a également souligné «l'importance de prendre toutes les mesures nécessaires pour créer un environnement approprié pour les prochaines élections».

La Conférence de stabilisation de la Libye qui s'est tenue jeudi à Tripoli était la première grande conférence internationale organisée dans le pays depuis plus d'une décennie. La Libye souffre d'insécurité et de chaos depuis la chute du régime de l'ancien dirigeant Mouammar Kadhafi, en 2011. Le gouvernement libyen d'unité nationale a été choisi, en février, par le Forum de dialogue politique libyen (LPDF) parrainé par l'ONU, mettant ainsi fin à des années de division politique dans le pays. La Libye devrait organiser des élections générales le 24 décembre de cette année, comme l'a approuvé le LPDF.

Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ramtane Lamamra a affirmé, de son côté, depuis Tripoli, que la position de l'Algérie à l'égard de la crise en Libye «a toujours été claire et constante et consiste à « préserver la souveraineté et l'unité territoriale de la Libye et à trouver un règlement inter-libyen à la crise». La position de l'Algérie à l'égard de la crise en Libye a «toujours été constante et claire, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune ayant appelé à préserver la souveraineté et l'unité territoriale de la Libye et à la non-ingérence dans ses affaires internes», a déclaré Lamamra dans son intervention lors des travaux de la Conférence «Initiative pour la stabilité en Libye» ouverts jeudi à tripoli. «L'Algérie a, à maintes reprises, souligné que le règlement de la crise doit passer par un processus inter-libyen où les frères libyens doivent jouer un rôle éminent dans le cadre d'un dialogue inclusif à même de garantir la reconstruction et l'unification des institutions et consacrer la réconciliation nationale», a encore indiqué le chef de la diplomatie algérienne, ajoutant que «l'Algérie se félicite du progrès accompli dans le cadre du processus politique que supervise l'ONU, et qui a permis d'élire le président et les membres du Conseil présidentiel et du Gouvernement d'union nationale et fixer la date du 24 décembre 2021 pour la tenue d'élections générales », a-t-il dit. Lamamra, qui a exprimé la satisfaction de l'Algérie quant à la stabilité relative enregistrée au plan sécuritaire depuis la signature de l'Accord de cessez-le-feu en Libye, a insisté sur la nécessité de «parachever le processus militaire et sécuritaire, en s'engageant à interdire les armes et à procéder au retrait des forces, des mercenaires et des combattants étrangers de la Libye, à travers la concertation avec les partenaires internationaux concernés et l'implication des pays du voisinage libyen dans les discussions et les processus lancés suivant les conclusions de la réunion ministérielle des pays voisins de la Libye, tenue à Alger les 30 et 31 août 2021».

A cette occasion, le chef de la diplomatie algérienne a salué l'accord auquel est parvenu le Comité militaire conjoint (5+5) lors de sa réunion tenue le 8 octobre à Genève, portant élaboration d'un plan d'action global pour le retrait des mercenaires, des combattants et des forces étrangères de Libye, et ce, en application des clauses de l'accord de Cessez-le-feu, des résolutions afférentes du Conseil de sécurité et des conclusions de la Conférence de Berlin.

Plaidoyer pour le soutien du processus politique

A l'approche des élections générales en Libye, Ramtane Lamamra a appelé toutes les parties concernées à soutenir les efforts consentis par le pouvoir exécutif actuel et à «se démarquer de toutes les tentatives visant la désunion des Libyens ou l'entrave du processus politique et l'activité du gouvernement dans toutes les régions du pays». Il a également exhorté la communauté internationale à prêter main forte à la réalisation des consensus nécessaires en vue d'un règlement adéquat de certaines questions juridiques et techniques pendantes, notamment la base constitutionnelle des élections et le parachèvement des processus de l'unification des institutions et de la réconciliation nationale libyenne. Il s'agit là, selon Lamamra, «du rôle privilégié de l'initiative de soutien à la stabilité en Libye considérée comme une étape positive pour que les frères libyens reprennent les choses en main conformément à une approche basée essentiellement sur les principes de la propriété nationale, le partenariat efficace et la responsabilité commune », a-t-il soutenu.

Respect de la souveraineté libyenne

Les participants à la Conférence de soutien à la stabilité de la Libye, ont réitéré leur appel en faveur du respect de la souveraineté de la Libye en rejetant toute ingérence étrangères, indique le communiqué final de la conférence.

La Conférence à laquelle ont participé des délégations représentant une trentaine de pays et organisations internationales, a appelé au respect de « la souveraineté, l'indépendance et l'intégrité territoriale de la Libye », à « rejeter les ingérences étrangères dans les affaires libyennes et à condamner les tentatives de violation de l'embargo sur les armes », précise le communiqué publié à l'issue de la réunion. Le même document a appelé au «respect total des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU sur la Libye notamment celle de 2570 (16 avril), qui exhorte vivement les Etats membres à respecter et soutenir la pleine mise en œuvre de l'accord de cessez-le-feu (d'octobre 2020), y compris par le retrait sans délai de toutes les forces étrangères et mercenaires de Libye». D'autre part, le gouvernement libyen s'est félicité du retour d'ambassades étrangères à Tripoli, appelant les autres pays «à franchir le pas».