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Force humaine

par Abdou BENABBOU

Rien n'est plus négatif et désobligeant que de s'arquer sans fléchir sur sa vérité personnelle en bouchant ses oreilles et en déliant sa langue. Quand un incendie se déclare dans une maison, on ne se fige pas dans l'étalage des possibles moyens pour éteindre le feu et l'on se sert en urgence de ce qui est à portée de main pour vite en venir à bout. Après le boursouflage des crises successives aux différents visages récemment vécues, l'état algérien des lieux devrait dispenser les promoteurs intempestifs d'idées et ne s'en tenir qu'à offrir la disponibilité élémentaire pour apporter leur pierre pour redresser l'édifice national en divers endroits branlant.

Le débat productif de progrès est certes utile, mais face à la pression de la menace immédiate d'un péril, accorder la priorité aux apparats grandiloquents pour affirmer un savoir virtuel et une présence inopportune n'est pas faire preuve d'œuvre utile. Il est convenu que tout n'est pas rose et que mille et une embûches contrarient sérieusement la marche du pays et qu'y vivre ne s'effectue pas dans une parfaite sérénité. Le nombre des harraga s'amplifie bien que leurs profils ne sont pas identiques et certains d'entre eux sont guidés par des rêves mirifiques ignorant les tares et les travers des pays où ils veulent s'y rendre. Le coût de la vie prend des allures démoniaques. L'école et la santé persistent à battre de l'aile. Et le reste de la panoplie des problèmes n'augure pas une vie dans l'aise et le confort. Cependant, malgré les innombrables difficultés rencontrées, les Algériens ne meurent pas de faim et si une comparaison avec de nombreux autres peuples devait s'imposer, leur situation n'est pas aussi déplorable telle que le prétendent des bavards en mal de notoriété qui excellent dans l'exercice de l'escrime politicien en faisant mine d'occulter que le monde entier est au bord du désastre.

On a tendance à brandir à tout bout de champ les bienfaits des arômes idylliques de la démocratie sans reconnaître que ses effets sont aussi souvent ligotants et qu'ils sont parfois mis en avant pour servir d'armes de domination.

Alors pour l'instant, il n'est pas faire preuve de grandeur que de s'échiner à enfoncer le clou dans des déboires que le monde entier supporte. Aucun homme n'est meilleur ou plus mauvais qu'un autre. La réelle force humaine est celle qu'il manifeste en apportant ce qu'il a de bon et de réaliste.