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Commerce: Le CNESE relance le débat sur l'adhésion à l'OMC

par M. Aziza

L'accession de l'Algérie à l'Organisation mondiale de commerce (OMC) est tributaire de la capacité des experts nationaux à peser le pour et le contre de cette adhésion, en se basant sur des notions et des données techniques, en évitant «les généralités». C'est ce qu'a recommandé le président du Conseil national économique, social et environnemental (CNESE), M. Rédha Tir, lors de la tenue, hier, d'une rencontre sur les voies et moyens pour une éventuelle adhésion de l'Algérie à l'OMC, qui a eu lieu à l'Ecole supérieure d'hôtellerie et de restauration, à Alger.

Certains intervenants, notamment des cadres et des représentants d'organisations patronales n'ont pas caché leurs craintes quant aux risques de perdre davantage des intérêts économiques nationaux, notamment avec le démantèlement tarifaire, en cas d'adhésion de l'Algérie à l'OMC. Les plus sceptiques ont affirmé que la voix des pays en développement est inaudible face aux grandes puissances mondiales, membres actifs à l'OMC. D'autres ont évoqué la fragilité du tissu économique et social de l'Algérie et les risques sur le système de subventions de l'Etat.

Le Dr Nassim Oulmane, économiste principal à la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique, a répondu du tac au tac sur une série de préoccupations et craintes formulées par l'assistance. Et ce, en précisant que l'Algérie est déjà ouverte au commerce international depuis une vingtaine d'années , avec un démantèlement tarifaires au profit des pays de l'Union européennes, dans le cadre de l'accord d'association et dans le cadre de la Grande Zone arabe de libre-échange (GZALE).

Pourtant, affirme-t-il, l'Organisation mondiale de commerce n'exige pas de ses adhérents une suppression ou une réduction des droits de douane, mais plutôt «une consolidation des droits de douane». Et d'affirmer que c'est à l'Algérie de négocier techniquement en cas d'accession à l'OMC la consolidation des droits de douane à l'importation de marchandises en œuvrant pour les fixer à un niveau supérieur. Lors de son intervention en vidéoconférence, M.Oulmane a affirmé que «si l'Algérie considère qu'il est de son intérêt de finaliser son accession à l'OMC, alors la fenêtre actuelle est très favorable», précisant que l'adhésion est à moindre coût et avec moins d'exigence, «car nous sommes plus dans un temps linéaire de l'OMC».

Sur le plan international, les membres de l'OMC ressentent plus que jamais la nécessité d'apporter des changements profonds aux missions de l'organisation, dans le cadre d'une refondation. Ce sentiment est accentué par l'impact planétaire de la pandémie de la Covid-19, que ce soit sur le plan politique, économique ou social.

Mais, pour l'adhésion de l'Algérie à l'OMC, l'économiste M.Oulmane a recommandé une transformation structurelle accélérée qui s'appuie sur la profondeur africaine de l'Algérie.

L'expert a également proposé un débat politique public pour pouvoir adopter des «politiques mûres» et «bien outillées techniquement».

Il précise que «tout n'est pas que rose», reconnaissant que la concurrence est prévisible, mais il relativise en affirmant «mais elle est tout de même encadrée et réduit les pratiques déloyales non prévisibles». En concluant «il y a un risque mais il n'y a pas de danger».

Selon les membres du CNESE, une action de restructuration du dispositif multisectoriel pour les négociations d'accession devrait être entamée durant l'année en cours. Le ministre du Commerce avait déclaré en juin dernier, dans le cadre d'une réunion regroupant les ministres du Commerce de l'Union africaine avec l'OMC, que l'Algérie souhaitait reprendre les négociations. Et ce en faisant valoir les réformes engagées, notamment la révision de la règle 51/49 sur les investissements étrangers. Toutefois, précisent les membres du CNESE, «les autres réformes tardent à être mises en place pour parachever le processus de mise à niveau, en vue de consolider la position algérienne avec le groupe de négociations».

Justement, ce séminaire est une bonne occasion pour passer en revue les opportunités et les contraintes d'une accession à l'OMC. Les participants avec le soutien des experts internationaux devraient quantifier l'impact de l'accession.