Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Zombie et génie en même temps

par Abdou BENABBOU

Prédire, il y a vingt ans seulement, que le paysan chinois allait s'adapter au jean Lewis et à des Nike et des Adidas aurait dépassé l'entendement et pouvait apparaître une maladroite plaisanterie. Aujourd'hui la Chine part à la conquête de la Lune et elle est en passe de damer le pion aux médisances et aux fausses idées reçues de toutes les puissances. Seul l'agronome René Dumont et quelques illuminés, à l'image de l'écrivain français Alain Peyrefitte, avaient entrevu les capacités à venir d'un peuple riche d'une civilisation ancestrale.

Mais les deux hommes ne sont pas allés au-delà des frontières d'un pays géant pour prévenir de ses futures prouesses et prévoir le chambardement colossal que le temps a provoqué chez les hommes, si ce n'est leur reconnaître qu'ils ont su décelé que les Chinois allaient enseigner au monde une nouvelle définition à une pratique et à un entrisme mondial que l'on ne connaissait pas. Plus large, plus vaste, la recomposition humaine est partout. Dans le geste et la parole. Dans l'habit et la nourriture. Dans les rites et les coutumes.

C'est qu'un autre plus vaste entrisme s'articulait en douceur pour reconfigurer la nature humaine et donner, encore une fois, d'inattendues couleurs à la civilisation pour que l'on ne sache plus qui, de la nature ou de l'homme, bouleverse la réalité et les idées héritées. La mue s'appliquait, parfois, en douceur, souvent dans le drame des guerres et des conflits pour que l'on se surprenne à observer, dans plusieurs contrées, que des hommes se marient entre eux, désintégrant tous les sens de la généalogie. Jules Vernes doit ricaner au fond de sa tombe pour avoir été pris dans son temps pour un invétéré rêveur et pour un désarticulé baldaquin.

Aujourd'hui la réalité a dépassé le rêve puisque le tourisme a maintenant touché le cosmos et bien pris celui qui pense que c'est la nature qui imprime sa loi. On met un pied sur la Lune pour prouver que les virus, quels qu'ils soient, ne sont pas une pénalité de la nature mais le produit d'un usinage humain pour accélérer la marche du temps.

Avec l'amalgame de son profil de zombie et de génie en même temps, l'être n'en finit pas de courir pour se parer d'un statut divin.