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Obstacles aux IDE

par Abdelkrim Zerzouri

Compter sur les ressources naturelles, les hydrocarbures notamment, n'a jamais permis au pays d'attirer les investisseurs étrangers hors de ce cadre énergétique, pas même d'y penser durant assez longtemps, car ce n'est que ces dernières années, avec la chute du prix du baril de pétrole, qu'on a commencé à s'inquiéter du très faible taux de l'investissement direct étranger (IDE) en Algérie. Et qui va en s'amenuisant vers l'Algérie selon les statistiques publiées par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) portant sur les investissements dans le monde en 2021, régressant de 19% en 2020 par rapport à l'année qui l'a précédée. En fait, hors investissement dans le secteur des hydrocarbures, ces chiffres n'ont à aucun moment de l'histoire du pays été réjouissants.

Se croyant, donc, à l'abri du besoin d'un quelconque apport des IDE aux opportunités de croissance et de création d'emplois, l'Algérie a beaucoup plus fait dans la complication de l'acte d'investir, pour les nationaux et plus encore pour les étrangers sur les plans bureaucratique et juridique. La règle du 51/49, qui contraint les investisseurs étrangers à s'associer avec des opérateurs économiques locaux, et pas n'importe quel opérateur, puisque seuls quelques initiés possédaient les clés de ce partenariat, a fini par mettre KO les IDE. Il s'agit là d'obstacles au mouvement des capitaux étrangers somme toute proéminents, qu'on peut corriger avec le temps, qu'on est en train de redresser à travers l'engagement des autorités pour une profonde réforme économique, voire la création d'une nouvelle base pour l'économie nationale qui touchera pratiquement tous les aspects des textes réglementaires, dont une nouvelle mouture de la loi de commerce, le code civil dans le cadre des contrats et des garanties, ainsi que la refonte profonde du code de l'investissement et du code de la monnaie. C'est en cours de concrétisation, mais est-ce suffisant pour devenir un pays attractif pour les IDE ?

C'est essentiel de corriger les défauts réglementaires en réformant le cadre économie mais il y a plus à faire. Car, le climat sociopolitique et la qualité de vie du pays ont également un rôle primordial dans l'attrait des IDE. L'Algérie tente de s'extirper de l'instabilité politique et commence à promouvoir son image auprès des investisseurs étrangers, par le biais d'une diplomatie économique que les autorités s'attellent à mettre en œuvre, en attendant que les opérateurs économiques et l'Algérien lambda en général tiennent leur part de responsabilité dans cette entreprise qui n'est pas uniquement de la responsabilité étatique. De notre temps, les pays s'ingénient dans une rude concurrence, usant de différentes initiatives pour attirer les IDE, parfois d'une originalité qui frôle l'insolite, à l'image de la Suède qui a créé un numéro de téléphone spécial qui permet à n'importe qui dans le monde d'appeler ce numéro et discuter directement avec un Suédois au hasard autour de la qualité de vie et l'économie du pays, ou encore la création d'un compte Twitter géré chaque semaine par un citoyen suédois, et qui a donné par la suite des idées à d'autres pays. Les citoyens algériens, qu'ils vivent dans le pays ou à plus forte raison à l'étranger, ont une lourde responsabilité en matière de promotion de l'image du pays... et dans cet échec de l'attrait des IDE.