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Obligation tacite

par Abdelkrim Zerzouri

La vaccination grand public contre le covid-19 est lancée en Algérie depuis quelques jours, mais sans grand engouement de la part de citoyens qui ne se voient pas concernés par cette campagne. Faible sensibilisation qui n'a pas eu un impact considérable auprès du public ou refus volontaire et en toute conscience de se faire piquer par ce vaccin qui a eu ses mauvais effets secondaires sur les esprits ? Les deux explications en question pourraient se rejoindre et avoir des répercussions plus importantes encore sur les statistiques de vaccination à travers le pays. Comment faire pour convaincre les gens de se faire vacciner contre le coronavirus ? D'abord, relativement à la gravité de la pandémie qui menace toute l'humanité, on reste perplexe devant cette faculté qui accorde au citoyen la liberté de se faire vacciner ou de refuser. De par la contagiosité du virus, la logique voudrait que le vaccin contre le covid-19 soit obligatoire, tant la liberté de ne pas s'y astreindre menacerait la vie de l'autre.

Est-ce parce que le vaccin, lui-même, présenterait des risques sur la santé de celui qui se fait piquer, et que le concerné doit en conséquence accepter ses effets secondaires ?

En tout cas, le choix libre de se faire vacciner ou pas a eu des effets pas très encourageants en Algérie, où les personnels de santé, les premiers concernés par la vaccination, n'ont pas trop adhéré à la campagne selon des échos parvenus de quelques hôpitaux. Les Algériens, depuis le début de la pandémie, ne croyaient pas vraiment en la menace covid-19, que dire maintenant au moment où la situation se trouve relativement maîtrisée. La responsabilité incombe aux pouvoirs publics d'obliger les citoyens à se faire vacciner, sans leur mettre le couteau sous la gorge, bien sûr.

Ailleurs, les gouvernements ont convaincu les populations à se faire vacciner soit par le biais d'une sensibilisation efficace, soit à travers l'introduction dans le paysage d'une nouvelle notion administrative, en l'occurrence le «pass sanitaire». C'est à l'aide de ce certificat de vaccination qu'on a rendu obligatoire ou presque le vaccin pour les grandes masses. Pour avoir accès dans une discothèque, il faut obligatoirement montrer son «pass sanitaire», ainsi que dans les stades, qui commencent à accueillir des jauges limitées de spectateurs, avant de monter dans les avions pour pouvoir voyager et pour circuler librement dans certains pays qui ont ouvert leurs frontières aux touristes vaccinés, et pas à l'aide de n'importe quel vaccin. Les obligations du vaccin en amont ont fait que son obligation en aval soit tacite. N'est-il pas temps de passer au «pass sanitaire» en Algérie ? La mesure en question, soutenue par le Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie de Coronavirus, devrait être lancée sans tarder en préparation à l'ouverture des stades au public vacciné, et de même pour assister à tout autre évènement culturel.

Le «pass sanitaire», en parallèle à la disponibilité du vaccin, est le seul moyen efficace qui pourrait faire monter les statistiques des vaccinations (moins de 2 millions actuellement), et atteindre le taux de 70% exigé pour une immunité collective.