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Agence nationale de sécurité sanitaire: «L'immunité collective n'est pas atteinte»

par El-Houari Dilmi

En bonne place dans le programme du président de la République, l'Algérie avance à pas sûrs vers un vrai développement de l'industrie pharmaceutique. Ainsi, l'Agence nationale de sécurité sanitaire prévoit de créer un « centre de vaccinologie pour s'approprier et maîtriser les technologies de développement des vaccins», a annoncé, hier mardi, le Professeur Kamel Sanhadji.

Intervenant sur les ondes de la Radio nationale, le Pr Kamel Sanhadji a estimé que la création d'un centre de vaccinologie est «une action urgente à mener face l'émergence de nouveaux virus». «La création d'un centre dédié à l'étude et au développement des vaccins relève de la cohérence», a affirmé le directeur de l'Agence nationale de sécurité sanitaire, estimant «qu'il ne suffit pas de fabriquer le Spoutnik V pour palier l'urgence, mais il y a aussi les autres technologies de vaccins qu'il faut maitriser». Dans ce centre de vaccinologie, « la technologie de l'ARN sera privilégiée », a encore annoncé le Pr Kamel Sanhadji selon lequel il s'agit là d'une technologie accessible aussi bien sur le plan scientifique que financier. « Ce centre de vaccinologie devra être adossé à un hôpital de confinement, il faut imaginer le pire des scénarios, celui d'une épidémie type Ebola, et là il faut avoir des structures isolées pour pouvoir prendre en charge ces maladies émergentes graves », a expliqué le Pr Sanhadji.

Se montrant rassurant sur l'efficacité du vaccin classique face au Covid-19 et à ses nombreux variants, le directeur de l'Agence nationale de sécurité sanitaire a cependant insisté sur la nécessité d'acquérir et de maîtriser les nouvelles méthodes de développement des vaccins «qui offrent une rapidité de réaction aux mutations des virus». « Le développement de différentes technologies de vaccins, notamment l'ARN messager, est un saut qualitatif scientifique intéressant puisqu'il permet, au cas où des variants échappent à la couverture vaccinale, de se mettre à jour en seulement 6 semaines, lorsque les vaccins classiques nécessitent deux ans de culture du virus», a-t-il précisé.

Le directeur de l'Agence nationale de sécurité sanitaire a également insisté sur la nécessité d'accélérer le rythme de vaccination de la population. « Je parle en tant que scientifique. Il n'y a pas pire que de vacciner à bas bruit parce que cela donne au virus le temps et l'opportunité de muter », a-t-il alerté, regrettant que le nombre de doses importées jusque-là soit «insuffisant». « L'immunité collective n'est pas atteinte », a mis en garde le Pr Sanhadji, appelant la population à maintenir la vigilance et à continuer à respecter les gestes barrières. « Heureusement que la situation épidémiologique en Algérie reste modeste par rapport aux flambées constatées actuellement en Europe », a encore relevé le directeur de l'Agence nationale de sécurité sanitaire qui n'a pas caché sa déception : « Je suis déçu, que de temps perdu pour l'Algérie, il y a encore 20 ou 30 ans, on savait faire des petites choses concernant la vaccination mais on a perdu notre savoir-faire», a-t-il déploré. «Ma deuxième déception est celle de la solidarité internationale et de l'engagement qui n'a pas été tenu sur le système Covax, qui commence à fonctionner depuis, à peine, une dizaine de jours », s'est encore inquiété le Pr Sanhadji.