Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

A la veille du Ramadhan: Les prix s'envolent

par Tahar Mansour

  Ramadhan c'est demain ou après-demain et, déjà, nos commerçants ont affuté leurs armes diverses pour saigner notre porte-monnaie à blanc. Les pauvres salariés que nous sommes comptent et recomptent leurs sous, peut-être y en a-t-il qui se sont multipliés en ces temps de virus en tous genres.

Le calvaire des bourses moyennes algériennes s'est aggravé il y a quelques semaines quand il a plu à certains de faire de la rétention d'huile de table, pour des raisons toutes aussi farfelues les unes que les autres. Beaucoup d'encre a coulé, de nombreuses langues se sont fatiguées mais les prix, la seule réalité dans tout cela, ont tellement gonflé qu'on ne pouvait presque plus les voir, tellement ils étaient hauts dans le ciel, à l'instar de la bonbonne d'huile qui, si vous êtes chanceux, vous est remise drapée dans un... drap en plastique noir qui laisse libre cours à toutes les supputations.

Le poulet a suivi, presque en parallèle et, même recroquevillées, ses ailes l'ont porté jusqu'à 460 DA le kilo vidé. Là non plus, les raisons ne sont pas raisonnables du tout. C'était juste un coup de tonnerre dans notre poche pour que les éleveurs (et ceux qui gravitent autour) ne paient pas leurs impôts qui nous permettent pourtant de vivre et de pouvoir acheter ce qu'ils nous vendent si cher.

A deux ou trois jours du Ramadhan, le fameux poulet a quand même rasé le sol pour arriver à 300 DA le kilo, ce qui n'est pas peu mais c'est déjà une bataille de gagnée. Les abats de ces volailles continuent malheureusement de tenir le pavé trop haut puisque le foie/cœur de poulet est vendu à 900 DA le kilo, celui de la dinde vaut quand même 1.200 DA. Toujours pour la dinde et le poulet, leurs escalopes sont vendues à partir de 800 DA le kilo. La viande rouge, Ramadhan oblige, a aussi connu une hausse significative de ses prix et les différentes parties ont pris entre 200 et 500 DA par kilo en hausse. Même certaines boucheries dites « Rahma » qui vendaient certaines catégories de viandes bovines entre 850 et 1.200 DA ont révisé les prix à la hausse pour les porter entre 1.100 et 1.500 DA, pour une viande de qualité inconnue et plutôt médiocre, surtout pour ce qui est de la viande hachée.

Quant aux légumes, c'est le boom qui risque de nous assommer, surtout en ces jours bénis de pré-Ramadhan, bénis bien sûr pour les commerçants qui gagnent des milliards en quelques jours, boostés par une boulimie sans pareille qui se déclare à la veille d'un mois... d'abstinence !!

Nous commencerons par la tomate qui est passée de 80 à 160 DA le kilo en une nuit, le poivron et le piment qui ont suivi la même courbe en doublant leurs prix de 90 à 180 DA, la salade laitue qui coûte désormais 120 DA. La pomme de terre est quand même revenue à de meilleurs sentiments en ne dépassant pas les 60 DA, mais c'est plutôt à cause de grandes quantités qui ont été mises sur le marché et par l'approche du Ramadhan au cours duquel sa consommation décroit de façon significative. Les carottes et les betteraves sont à 80 DA et plus, les navets sont vendus à partir de 90 DA, les artichauts entre 60 et 120 DA selon la qualité, les petits pois font 150 DA en général et les fèves, en fin de parcours, coûtent 80 DA le kilo. Le chou-fleur vaut 70 DA le kilo et le chou vert 80 DA, les cardes 50 DA et les oignons verts 50, de même que les secs. Quant aux fruits, les dernières oranges sont vendues entre 130 et 250 DA, selon la taille et la qualité, les fraises, en pleine saison, valent entre 200 et 350 DA alors que les pommes sont remontées sur leur piédestal et sont cédées entre 280 et 600 DA, selon le calibre et la qualité. La pastèque qui a fait une entrée en force sur le marché coûte encore trop cher entre 130 et 160 DA le kilo, mais là, il y a lieu de signaler que les vendeurs ont pris l'habitude de la vendre par tranche (un quart ou une moitié de pastèque), ce qui est bien en soi mais qui peut devenir dangereux car les vendeurs découpent la pastèque et la couvrent d'un film plastique. Avec le soleil auquel ils sont exposés, ces fruits peuvent devenir toxiques facilement.

Enfin, le phénomène propre à l'approche du Ramadhan consiste en le remplacement des batteries de cuisine et de salle à manger. Les ménagères ont pris l'habitude d'acquérir du neuf et, bien entendu, la majorité des commerçants en profitent pour augmenter les prix alors que d'autres ramènent des produits de très basse qualité, qui peuvent être dangereux pour la santé, et les vendent à des prix défiant toute concurrence. A défaut d'une information de la part des associations de consommateurs et en l'absence d'un contrôle strict, il y a grand risque pour la santé publique.