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Les souffrances de la vieille Louisa

par Mekideche Abdelkader*

Mère Luisa, après le coup d'état organisé contre elle et contre son bureau politique, et après avoir rugi comme une vielle lionne édentée, déclare, par désespoir de cause, que « désormais la balle est dans le camp du ministre de l'intérieur». La voici donc qui, au crépuscule de savie, appelle au secours l'adversaire qu'elle prétend combattre.

De son passé récent, elle a tiré une expérience. Les putschs, ou du moins les tentatives de putschs, elle croit avoir appris à les gérer...pour les avoir pratiqué semble-il...et s'en être sortie à moindre frais.

Elle se met alors dans une posture victimaire, crie au complot ourdi, et en appelle à l'ingérence humanitaire, dans les affaires du parti, du premier flic du pays.

Auprès du public, mémé dénonce la manière peu cavalière avec laquelle une poignée d'insurgés tentent de la détrôner. Elle rappelle à qui veut l'entendre (des curieux sans plus) que c'est elle qui a construit, pierre par pierre, la forteresse PT, que pour cela elle a souffert le martyre et qu'elle a dû, à son âme défendant, pactisé avec tous les dieux et avec tous les diables. Que si elle a survécu à Staline, à la décennie rouge, à la chute du mur de Berlin et même au naufrage de Bouteflika, ce n'est pas une meute de chiens enragés qui va la chasser de SON royaume.

« Ne lui en voullez pas. De grâce, une petite rallonge. Une toute petite rallonge. Rien qu'une petite rallonge. Mais que valent en fin de compte, en fin de règne, en fin de vie, quelques années supplémentaires de chefferie pour la mamma qui a tant donné ? permettez qu'elle sorte avec les honneurs. Attendez donc son passage à trépas et faites de l'héritage ce que vous voulez» supplie un affidé.

Mais Louisa et l'affidé semblent oublier que les trotskistes ont le cœur aussi froid que peut l'être la Sibérie les jours d'hiver. Qu'on peut les tenir par les brides mais jamais par les sentiments. Qu'ils se plient longtemps, mais quand ils se redressent, c'est par le feu qu'ils redressent. Brutes et têtus, quand ils disent dégage, c'est vraiment dégage. Pour cela ils joignent toujours l'acte à la parole. En effet, les rouges du monde, en révolution permanente, ne sont pas à un assassinat politique prêt.

La «BALLE est dans le camp du ministre de l'intérieur»! dame que non. Il est fort peu probable que ce très très haut commis de l'état appelé à la rescousse sera sensible à la détresse de la patronne. Dans les moments troublés que vit le pays il a plus urgent et plus sérieux à faire, plus d'ordre à rétablir et tant d'âmes damnées à rédempter.

Et puis, le temps est à la neutralité de l'état, dont la devise inscrite en grands caractères sur les frontons de ses administrations se résume en cette phrase courte mais pleine de sens : « cassez-vous, mangez-vous, mais foutez nous la paix ».

La balle que la mémé envoie dans le camp du ministre de l'intérieur rebondira assurément sur l'écu qui protège ce dernier. Et, par ricochet, elle reviendra lui donner le coup de grâce selon les bonnes lois de «la ferme des animaux: « le cochon (comme la truie d'ailleurs) ne sort de la ferme que les pieds devant».

*Avocat