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L'art du possible

par Abdelkrim Zerzouri

La scène politique nationale cherche à relooker ses contours à la veille des élections législatives anticipées ♣dont le rendez-vous s'approche à une vitesse « V » depuis la dissolution officielle de l'Assemblée populaire nationale (APN) le 1er mars dernier. Aux côtés des anciennes formations politiques, avec des dimensions incertaines depuis le 22 février 2019, de nouveaux mouvements sont venus afficher leur ambition de jouer des rôles de premier plan lors de cette importante échéance, particulièrement le dernier-né dans le paysage politique « Nida El Watan » (l'appel de la nation). Presque un clonage de l'expérience vécue à la veille des législatives de 2007 qui a donné naissance au Rassemblement national démocratique (RND), un parti essentiellement construit sur les assises des organisations de masse et du mouvement associatif, en sus de quelques transfuges d'autres partis, pour donner naissance à une majorité d'alliance avec d'autres partis, qui a porté le programme de l'ex-président Zeroual.

Les temps ont depuis changé mais la pratique reste valable et légitime démocratiquement, voire salutaire si on veut éviter de futures crises politiques comme il s'en passe en Tunisie où le président Kaïs Saied, sans le soutien d'un parti politique, peine depuis des semaines à constituer un gouvernement. Il est quasi certain que le président Tebboune, qui s'est toujours opposé à un schéma classique, s'engageant à ne pas créer de formation politique, ne sera pas organiquement lié à cette nouvelle formation politique, mais tout indique qu'elle lui sera taillée sur mesure pour avoir une base solide, «un soubassement populaire» pour pouvoir appliquer son programme présidentiel. Car, il y a le risque, pour le président en exercice, de perdre ces prochaines législatives, qui feront ressortir une autre majorité, et qui aura à appliquer son propre programme avec son propre chef de gouvernement, comme stipulé par la nouvelle Constitution.

Sans aboutir à rien de concret pour le moment, les tentatives de fédérer le Hirak en mouvement politique n'ont jamais cessé. Et si le déclic venait à s'opérer, un raz-de-marée « hirakien » lors des prochaines législatives n'est pas à exclure. Un contexte qui inciterait le président de la République à se chercher une base politique pour gouverner en toute sérénité durant le reste de son mandat. Après avoir longtemps misé sur la structuration de la société civile et sur les jeunes candidats indépendants aux prochaines échéances électorales, on est arrivé à la conclusion que pour éviter toute mauvaise surprise rien ne vaut la discipline d'un parti politique structuré et organisé autour de la société civile et des jeunes. La naissance de ce nouveau parti politique, annoncé et salué par le conseiller du président chargé des organisations de la société civile et de la communauté nationale à l'étranger, Nazih Berramdane, qu'on verrait bien quitter le gouvernement et s'y installer aux commandes, est un propos fort à ceux qui espèrent encore transférer les bureaux de vote dans la rue. Le champ politique est ouvert et il serait inconvenant de venir plus tard expliquer ses faiblesses en cherchant à critiquer la force de ce nouveau parti politique.