Le football est un sport
collectif et une équipe est composée d'individualités, chacune d'elles évoluant
selon ses aptitudes, ayant une fonction bien déterminée par l'entraîneur.
Lorsqu'un joueur, pour une raison compréhensible ou inconnue, n'est pas à la
hauteur, ce n'est pas une raison pour le culpabiliser et le rendre responsable
de la défaite. Si le Belouizdadi Keddad,
suite à un malheureux réflexe, est à l'origine de l'ouverture du score du match
CRB-Sundowns, ce sont bel et bien ses coéquipiers qui
ont failli et encaissé les quatre autres buts. En effet, la seconde et la
quatrième réalisation des Sud-Africains ont fait suite à un corner et à une
action collective, tandis que sur les troisième et cinquième buts, on a relevé
les défaillances respectivement de Nessakh, Tariket et Gaya. Comme on le constate, c'est une déroute
collective et non celle d'un seul joueur, aussi important soit-il au sein de
l'équipe. D'ailleurs, excepté un média, personne n'a pointé du doigt le
défenseur Keddad. On ne peut pas dire que les Belouoizdadis n'étaient pas avertis, car leur entraîneur
Frank Dumas les a informés du haut niveau de l'équipe sud-africaine. Invaincus
depuis une année, les coéquipiers de Bouchar se sont
peut-être surestimés, oubliant qu'une sacrée marge sépare le champion d'Afrique
du Sud Sundowns de nos équipes de Ligue 1. En
compétition domestique, le CRB figure dans le lot des prétendants au titre.
Avec sa défense de fer et quelques individualités comme Sayoud
et Belahouel, il fait partie des meilleurs sur le
plan national. Mais au niveau continental, c'est une autre paire de manches.
Nous l'avions souligné à maintes reprises. Le jeu collectif du Chabab est loin d'être celui d'une équipe compétitive, ce
qui explique ses ratages en Ligue 1, bien qu'en dix matches, il soit toujours
invaincu. Certes, évoluer à 10 face à un adversaire de haut niveau est une
mission ardue, voire impossible. Ce qu'il faut souligner, c'est qu'au départ,
le CRB a été handicapé par le site du match alors que, paradoxalement, il est
considéré comme club recevant. Or, le cadre et les conditions générales de jeu
à Dar Es Salem ont favorisé les Sud-Africains, considérés « irrecevables » sur
notre sol en raison du redoutable variant du Covid-19, même avec le protocole
sanitaire le plus strict. Le CRB aurait-il pu jouer à Alger sur son stade
fétiche ? Certains observateurs ont répondu par l'affirmative, mais il aurait
fallu entamer diverses démarches bien à l'avance. Ceci dit, Frank Dumas a
reconnu que le champion d'Afrique du Sud est bel et bien le plus fort du
groupe. « On a joué contre un adversaire de grande qualité qui était supérieur
et qui a plus d'expérience que nous. C'est comme ça, l'adversaire était
meilleur », a-t-il indiqué en toute objectivité.
L'entraîneur français n'est pas du genre à s'attarder sur le passé et tourne
très vite la page. A la suite de cette déroute, il a dit : « Parfois, prendre
une bonne claque peut nous remettre les idées en place. On va apprendre de
cette défaite et on va avoir plus d'expérience ». En d'autres termes, le
technicien français a lancé un message à ses joueurs dont la teneur est claire,
les invitant à travailler davantage pour prétendre atteindre le niveau des
grosses cylindrées du continent africain. En attendant, et à l'instar de la
saison écoulée, le CRB ne brille que par sa défense et les coups de génie de Sayoud et Belahouel. Hélas, ce
dernier est toujours blessé et lorsqu'il joue, il est esseulé. Tout le monde
misait au coup d'envoi du championnat sur le Béninois Koukpo.
Or, ce dernier n'a inscrit qu'un seul but lors de la septième journée face au
PAC. C'est insignifiant comme apport pour une recrue étrangère chèrement
acquise. Frank Dumas, qui connaît fort bien les lacunes de son équipe, doit y
remédier et non pas se contenter de coups d'éclat sans lendemain. Il n'est pas
question ici de vouloir donner des leçons à un technicien expérimenté, mais
plutôt de signaler les limites d'une conception rentable sur le seul plan
domestique. Spéculer sur une bonne défense et sur la force de caractère d'un
groupe, c'est louable, mais insuffisant lorsque le niveau s'élève comme c'est
le cas actuellement en Ligue des champions d'Afrique. Force est de reconnaître
que le Chabab n'est pas convaincant comme
l'espéraient en tout cas ses supporters. En Ligue des champions d'Afrique, il
reste toutefois l'espoir d'une qualification aux quarts de finale derrière
l'intouchable Sundowns, alors qu'en Ligue 1, un
épuisant marathon attend les Belouizdadis qui ont
déjà six matches en retard. Il faudra y ajouter les rencontres de la Coupe de
la Ligue. Ça fait beaucoup assurément, et si un sacre escompté n'est pas au
bout, il ne faudrait pas s'étonner outre mesure, car les joueurs, aussi
volontaires soient-ils, ne sont pas des robots. C'est du moins notre avis.