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Pré-emploi et terrain sinistré

par Abdou BENABBOU

Il est question pour le ministre du Travail de se pencher sur la situation du pré-emploi pour stabiliser une large catégorie de la jeunesse qui traverse les couloirs de différents secteurs de l'activité économique du pays sans être stabilisée. Faute de mieux, de nombreux jeunes, dont la majorité est diplômée, sont dans une vadrouille professionnelle plus qu'inconséquente ne leur garantissant en rien une perspective rassurante quant à leur devenir et à leur avenir. Dans le lot, on y trouve de tout et du plus saugrenu. Des médecins attestés habillés en agents de réception et égarés dans des cabinets d'avocats, des biologistes confirmés travestis en agents d'accueil dans des administrations et l'on croise même des universitaires devenus chauffeurs ou gardiens de préaux.

La poussée démographique sans cesse forte aboutit dans un terrain sinistré. Le tableau du monde du travail ne réjouit pas et la pandémie est venue accentuer une situation à la limite du désastre. La perte de validité des diplômes que l'on n'ose plus aborder a fini par démontrer que l'université ainsi que l'instruction scolaire tournent à vide. Les conformités du passé se sont déplacées elles aussi dans un informel aujourd'hui prégnant enjoignant la majorité des jeunes à ne compter que sur les accointances amicales et celles du voisinage pour bénéficier d'un emploi.

Le pré-emploi algérien, dans sa forme et dans son contenu, a été une mauvaise invention originale des pouvoirs publics totalement démarquée d'une réalité qui veut que le travail soit la première cimentation de la vie. Ils ont opté par légèreté pour une fuite en avant pour circonscrire les fortes turbulences des rues avec leur forte odeur d'essence et pour parer à une urgence déphasée avec la durée.

Une nouvelle Algérie est annoncée. L'absence de lien entre la formation et le monde économique serait l'un des principaux obstacles à son émergence. Dans la mue actuelle de la structure gouvernementale, il aurait été mieux indiqué que le ministère du Travail et celui de l'Enseignement supérieur fassent une seule et unique entité. La fluidité et la rationalisation ainsi installée, elle permettra à l'emploi de ne plus se perdre dans la recherche des ponts et des passerelles aléatoires pour se déployer.