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Paradou AC: Le revers de la médaille

par Adjal Lahouari

En raison des quatre reports, le match PAC-OM était considéré comme un choc ouvert à tous les pronostics. Le PAC a gagné et amélioré son classement mais, paradoxalement, ses joueurs ont eu chaud. Et pourtant, sur le plan du jeu, il n'y a pas eu photo, les Pacistes monopolisant le ballon comme ils le font souvent grâce à leurs automatismes dont ont déjà souffert de grosses cylindrées comme le CRB, le MCA, l'ESS et l'ASAM. Cette fois, c'est l'OM qui a été contraint de laisser le contrôle de la balle aux jeunes du Paradou. Cette aisance technique ravit certes les puristes, mais l'efficacité au niveau de l'attaque ne va pas de pair. Ce constat n'est pas nouveau et, à cause de cette lacune persistante, les coéquipiers de Boucif ont laissé en route de précieux points. Sans ce défaut typique, le PAC serait dans le groupe de tête. Lorsque Djamel Belmadi a assisté à son premier match, il n'a pas hésité pour dire que c'est le PAC qui pratique le plus beau football. Par la suite, les entraîneurs Neghiz (MCA) et Zelfani (JSK) ont loué leur style académique qui cause tant de soucis aux adversaires. Il est certain que les Académiciens, comme tous les autres joueurs, ont des qualités et des défauts. Leur maîtrise technique et la transmission du ballon laissent supposer qu'ils s'offrent du plaisir face à des adversaires qui sont obligés de commettre des fautes. Jouant souvent à une touche de balle et parfois par déviations, ils s'assurent un taux de possession conséquent. Mais il existe le revers de la médaille lorsqu'ils rajoutent, soit en tombant dans l'excès d'individualisme, soit en tentant des gestes difficiles comme la « roulette » chère à Zidane. Or, cet étalage des qualités leur attire la colère d'adversaires ne désirant pas endosser le rôle de faire-valoir, surtout de la part de joueurs plus jeunes qu'eux. Certains y voient même une forme de suffisance qu'ils n'apprécient guère. En somme, il s'agit des côtés pile et face d'une équipe pas comme les autres. On dira même qu'il s'agit des défauts de leurs qualités. Samedi, les Médéens, en pleine confiance avec leur position de co-leaders avec les Sétifiens, avaient la ferme intention de conserver l'incroyable dynamique depuis la victoire à Omar Hamadi face à l'USMA, soit huit succès pour deux nuls face au CRB et au MCO. Pour notre part, nous avons souligné les mérites de cet OM sans vedettes et sans moyens financiers. Et nous avons également analysé son système de jeu avec une occupation rationnelle du terrain et une solidarité, où chaque joueur s'acquitte consciencieusement de sa tâche. L'OM, c'est le résultat d'une stabilité de deux années et d'une bonne préparation. Tous les observateurs s'accordent à dire que chaque équipe de la Ligue 1 possède des caractéristiques spécifiques. Or, depuis le coup d'envoi de leur très belle série, c'est la première fois que les Médéens ont été privés du ballon. Alors, tout au long de cette rencontre, ils ont subi et beaucoup couru. Et pourtant, à la fin d'un premier half dominé par les Pacistes, l'OM a ouvert le score contre le cours du jeu. Connaissant leurs qualités et leur détermination, on pensait à un parfait hold-up. C'était mal connaître les jeunes du Paradou qui ont remis les pendules à l'heure dès la reprise. Les chiffres attestent qu'ils se sont créé plus d'occasions que les Médéens lesquels n'ont réagi qu'à partir de la vingtième minute, leur gardien Medjadel étant beaucoup plus sollicité que son vis-à-vis. Alors que le Paradou a conservé le rythme rapide des attaques, les poulains de Chérif Hadjar ont dû se contenter de mener des contres. Lorsque les visiteurs ont protesté auprès de l'arbitre à propos du penalty, ils n'avaient pas tort, la faute n'étant nullement évidente. En revanche, il y avait bel et bien faute dans le temps additionnel sans que le referee n'accorde un autre pénalty au PAC. Chérif Hadjar ayant écopé d'un carton rouge, c'est son adjoint qui a exhorté les joueurs à attaquer à outrance pour arracher le nul. En vain, car les Académiciens ont fait preuve de réalisme en renvoyant toutes les balles, soit vers l'avant, soit en touche. Nous comprenons parfaitement la déception des Médéens, car c'est un penalty inexistant qui a scellé le sort de ce débat. Mais on dira aussi, sur le contenu de cette rencontre, que les Académiciens n'ont pas volé les trois points. Le coach Hadjar connaît les limites de son équipe, et il s'évertuera à tirer le maximum des potentialités existantes. Tout en étant fier du parcours historique de ses joueurs, il est conscient des difficultés à venir surtout en l'absence du nerf de la guerre. Un promu en tête du championnat, c'est inédit et digne de tous les éloges. Avant la clôture de la phase aller, les Médéens accueilleront le CSC, l'USMBA et le CABBA pour deux sorties, à Tizi-Ouzou (JSK) et à Relizane (RCR), en fait, des tests révélateurs sur le véritable niveau de cette équipe surprise de la phase aller.