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Administration interdépendante

par Abdou BENABBOU

Il a été encore question au cours d'une rencontre organisée par le ministère de l'Intérieur de lutte contre la bureaucratie et l'impérative normalisation de l'administration. Il en sera toujours question tant que le sujet sera discuté en surface autour d'un café et de quelques croissants et sans appréhender les profondes genèses qui ont présidé à la naissance de la nation.

En tapotant sur des problèmes ardus, on oublie que l'Algérie est un pays renaissant ayant recouvré une fragile jeunesse après de nombreuses luttes de libération pour retrouver sa souveraineté. Son histoire est parsemée d'embûches et l'on omet avec persistance que le plus grand des combats est celui de donner un vrai sens à ce que l'on entend par indépendance. Pour comprendre les tares actuelles de l'administration algérienne, il est utile de réveiller les consciences pour se souvenir du tableau désertique qu'avaient laissé en la matière les colons français en 1962. La relève n'était pas aisée et la prise en charge de ce secteur névralgique, véritable poumon de l'activité du pays, s'était opérée avec une débrouillardise à vau-l'eau. L'humilité et la sagesse veut que l'on reconnaisse que la culture administrative n'était pas le premier atout d'une Algérie qui reprenait vie dans des conditions pénibles dans tous les domaines et en tous lieux. L'extrait de naissance n'était pas seulement ce bout de papier d'identification, mais il était question d'un difficile accouchement pour que le pays noue avec une large culture qui lui était nouvelle et à laquelle il n'était pas préparé.

L'administration, maillon fort d'une lourde reprise en main, n'était qu'un élément d'un ensemble d'importants repères nécessaires censés donner une solide carrure à la nation. C'est de l'interdépendance de toutes les structures et de toutes les activités nationales que l'administration tire et établit son profil. Si ce profil est aujourd'hui déformé, c'est que les différentes sèves qui lui donnent vie n'ont pas suivi. Il est à l'image du reste qui n'a pas cadré avec une institutionnalisation conforme aux attentes de la population.

Le reste, on le vit aujourd'hui, est dans la mêlée cafouilleuse du politique et du social où l'école et la formation ont un scabreux rôle qui n'accorde aucune droiture à l'administration.