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La colère de Tebboune et les paliers des exécutants

par Abdou BENABBOU

Le président de la République n'est          pas satisfait de la morne dynamique économique observée aujourd'hui. Sa satisfaction est difficile à rétablir car il est illusoire de croire qu'il suffit de directives et d'un peu d'argent pour mettre sur de bons rails un pays qui allait à vau-l'eau. Il a pointé du doigt les walis suspectés d'immobilisme sinon de nonchalance pour fouetter une diligence nécessaire pour une nationale et générale résurrection.

A leur décharge cependant, il faudra bien s'avouer que les walis, aussi larges que soient leurs prérogatives et aussi hauts qu'ils soient assis, ne sont qu'une maille d'une longue chaîne alambiquée et rouillée qui rend les responsabilités suffisamment éparses pour qu'elles finissent diluées. Il devient impossible d'initier quoi que ce soit quand les rôles et les missions sont inversés jusqu'à autoriser un appariteur à arracher la charge d'un directeur général et s'investir en premier représentant de l'Etat.

La priorité accordée à ce que l'on appelle les zones d'ombre est une initiative heureuse et objective, mais elle risque de s'avérer improductive si sa prise en charge est bloquée par tous les paliers des exécutants. Ce blocage n'est pas toujours l'émanation d'une volonté d'opposition, mais il répond souvent à un manque de compétence humaine flagrant. C'est de la valeur des hommes à tous les niveaux et leurs profils dont il s'agit et les normes inversées que la culture désaxée a enracinées pour installer un infantilisme déroutant.

Pour parvenir à une conformité rationnelle, la tâche est évidemment rude. La sentence de l'homme qu'il faut à la place qu'il faut n'a jamais été aussi d'actualité. Devenu imparable, le sujet est brûlant. L'affronter, face à la crise actuelle qui va s'amplifier, recommande avec insistance qu'il soit débarrassé de son armure de slogan pour que soient extirpées les valeurs humaines de leurs antres. Ce sont elles qui s'oxydent dans les zones d'ombre.