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AUX PAS DE NOS PORTES

par Abdou BENABBOU

Non content d'avoir sérieusement contrarié nos us et nos habitudes, voilà maintenant que le virus nous annonce un variant sans rire pour amplifier notre désarroi et pour que nous nous imprégnions de la certitude que d'autres variantes suivront. Il ne pouvait mieux nous offrir que cette finale estocade mortelle en guise d'étrennes pour clôturer une année qui a anéanti tous nos repères.

Déroutant, l'euphémisme cogne dur sur l'espoir de voir une pandémie s'évanouir par les nouvelles, injectées par petites doses, au sujet de différents vaccins encore fantomatiques dont l'efficacité salvatrice mettra encore du temps pour être prouvée. En attendant on se remet à galvauder le répertoire des phases en ressortant la venue d'une troisième pour expliquer sans convaincre les nouvelles centaines de milliers de contaminations constatées, chaque jour qui passe. Pour se mettre en phase avec la jetée des lests, les Etats ont autorisé leurs populations à se mouvoir pour s'alléger des pressions économiques et sociales, mais nous nous rendons compte que les palliatifs initiés, ici et là, par différents gouvernements ne sont pas parvenus à bout d'un ennemi invisible.

Ce qu'il y a de terrifiant, aujourd'hui, est que nous n'en sommes plus aux contraintes des distanciations sociales dans les rues et les marchés mais nous sommes en passe de craindre pour nos vies, dans nos propres demeures et foyers. D'évidence, la liberté limitée qui est octroyée à nos enfants et à nos très proches, malgré toutes les précautions qu'ils prennent, fait d'eux des terreaux propices pour l'insoupçonnable incrustation du virus aux cœurs des chaumières. La panique, sinon l'inquiétude ne se contente plus de se manifester aux portières des taxis et aux arrêts de bus, mais elle se présente aussi aux portes des résidences avec l'air narquois d'affirmer qu'aucune échappée n'est permise. Dérouter le pessimisme relève alors d'un mauvais gag quand les funérailles, même les plus discrètes, se multiplient dans les rues et aux pieds de nos portes.