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Tlemcen: Une année 2020 à oublier

par Khaled Boumediene

Près de 2.324 personnes contaminées au coronavirus (Covid-19) et 256 décès ont été enregistrés dans la wilaya, depuis le début de la pandémie, selon un bilan des services de la Santé et de la Population (DSP) de Tlemcen. Il est à rappeler qu'un professeur de pneumologie est mort du Covid-19, la semaine dernière. Il comptait parmi les personnels soignants du Centre hospitalo-universitaire (CHU) de Tlemcen aux avant-postes de la lutte contre la pandémie, au plus fort de l'épidémie, qui ont travaillé dans des conditions de stress immense. Des dizaines de foyers de contamination au Covid-19 ont été identifiés dans des établissements de Santé et caisses de Sécurité sociale, Administrations et Entreprises publiques et privées, Etablissements scolaires et Collectivités locales ainsi que dans des organismes, banques ... « Le constat majeur est que le virus est toujours là. Dans les services référents de cet hôpital les visites sont jugées très risquées en raison de la contagion. La multiplication des clusters dans le grand Tlemcen est un signal inquiétant. Toutefois, si les gestes barrières sont respectés par la société, la situation pourra nettement s'améliorer », indique un médecin du service réa-Covid. Il faut dire que cette crise sanitaire sans précédent a entraîné la détresse psychologique et la peur de la maladie parmi les familles touchées, le stress, l'anxiété, la solitude, le chômage et le deuil. Des enfants ont perdu leurs parents ou leurs grands-parents, des épouses sont devenues veuves, ou plus terrible encore, des parents sous le choc de la perte de leurs enfants ou leurs petits-enfants. Compte tenu du contexte de la pandémie du coronavirus, des familles se sont retrouvées seules pour enterrer leur proche ou faire leur deuil. Elles ont dû filmer la cérémonie pour partager ce moment avec le reste de leurs proches, privés d'obsèques. Expliquant ces circonstances qui sont très délicates pour les familles, Hadj Wahid de Tlemcen, précise que «le confinement nous prive des ultimes moments de funérailles avec nos proches. Il est encore plus difficile de faire son deuil à un être cher à qui on n'a pu dire au revoir ! Beaucoup de personnes endeuillées qui ont besoin de réconfort, n'ont d'autre choix que de rester chez elles car elles ne peuvent pas recevoir leurs amis. C'est très dur pour elles de se retrouver seules en ce temps de pandémie, mais ils n'ont pas trop le choix. On a aussi des familles qui ont peur de se déplacer lors des cérémonies religieuses pour présenter leurs condoléances et se rapprocher de leur famille à l'enterrement à cause du risque de propagation du virus et des mesures sanitaires prises pour les funérailles surtout au début de cette pandémie ». A Hennaya, certains membres de familles dont des proches sont décédés à l'étranger, éprouvent moult difficultés pour les enterrer. Depuis la fermeture des frontières, ils enterrent souvent leurs proches décédés, la nuit dans le cimetière « Sidi-Mohamed » qui ne dispose pas d'éclairage public et recourent ainsi aux téléphones portables pour déposer les dépouilles dans les fosses tombales. Cette situation d'abandon est décriée par les habitants de cette ville de plus de 35.000 âmes, située à quelque 10 km au nord du chef-lieu de la wilaya de Tlemcen. Les portes d'entrée de ce cimetière totalement délabrées ont été récemment prises en charge et remplacées par Chakib Boublenza, un mécène de Tlemcen, qui investit dans la caroube dans cette localité.

Il faut noter, par ailleurs, que cette année de 2020 qui s'achève a été très mal vécue par les habitants de la wilaya, en raison des perturbations engendrées par cette épidémie, qui a entraîné une cascade de conséquences impactant la vie de tous les ménages à cause des mesures de mise en quarantaine, la fermeture des écoles, des universités et des commerces, la suspension des activités culturelles et artisanales, l'annulation des évènements et des réunions, l'arrêt des unités de fabrication ainsi que la suppression des transports et l'annulation des vols internationaux, qui ont aggravé la crise sanitaire de coronavirus.

Plus largement, la population ne sait pas encore quand ce virus maudit disparaitra. A la veille de cette nouvelle année, les habitants craignent de voir cette pandémie se prolonger encore, d'autant plus que des spécialistes considèrent que la Covid-19 pourrait durer bien plus d'un an, avant que le vaccin ne soit commercialisé.

Les habitants, usés et fatigués, craignent de nouveaux pics de contagion car le virus n'a pas encore disparu, ce qui veut dire, un retour en 2021 aux mesures de confinement qui risquent de compliquer encore leur vie et prolonger leurs difficultés. Les habitants de Tlemcen craignent que la pandémie du Covid-19 soit plus longue et plus épuisante en 2021. « J'ai vraiment peur que l'année 2021 sera pareille à celle de 2020 où de nombreuses familles ont été confrontées à la douleur et aux difficultés financières. Les gens ont trop souffert en cette période perturbée. Tout ce que je souhaite c'est qu'en 2021, nous retrouverons nos amis, nos familles, nous nous retrouverons de nouveau inchallah !» souhaite, pour sa, part M. Meziane, un fonctionnaire de Tlemcen.