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Difficultés liées à l'organisation scolaire: Le ministère appelle au débat, les syndicats veulent du concret

par M. Aziza

Le ministre de l'Education nationale, Mohamed Ouadjaout, a reconnu l'existence de difficultés et d'anomalies dans la nouvelle organisation scolaire. Il appelle ainsi les partenaires sociaux et les acteurs de l'Education à débattre de ces difficultés et à soumettre des propositions pour y remédier. Intervenant, lors d'une conférence par visioconférence organisée avec les directeurs de l'Education des wilayas, le ministre de l'Education a affirmé que «le suivi sur le terrain et l'ensemble des rapports parvenus à la cellule centrale du ministère, un mois après la rentrée scolaire, ont fait apparaître des anomalies dans l'organisation de la scolarisation». Ce qui implique, selon M. Ouadjaout «l'adaptation de mesures adoptées à travers le suivi quotidien et continu, en invitant les directeurs des établissements éducatifs ainsi que les inspecteurs à examiner les difficultés soulevées par les enseignants pour y trouver les solutions adéquates». Le premier responsable du ministère de l'Education a également invité les partenaires sociaux à présenter un bilan préliminaire pour l'organisation de la scolarité, en vue de «parvenir à des solutions, dont l'équilibre dans le nombre des groupes éducatifs assignés à chaque enseignant».

En ce qui concerne l'application du protocole préventif sanitaire, sévèrement critiqué par les acteurs de l'Education, M. Ouadjaout a indiqué qu'il convient de renforcer les actions de sensibilisation en milieu scolaire. Et de lancer un appel à l'ensemble des acteurs pour adhérer à cette démarche avec la poursuite des sorties des inspecteurs sur le terrain, en compagnie des médecins aux fins de faire le point sur l'état d'application du protocole sanitaire. Le ministre de l'Education a rappelé, par ailleurs, les efforts consentis en matière de mise à disposition de moyens sanitaires préventifs, en raison du contexte sanitaire exceptionnel. Il a déclaré, dans ce sens, que «les aides financières exceptionnelles ont été versées à tous les établissements éducatifs, pour leur permettre de couvrir les frais pour les jours restants de ce mois». Il a également souligné que son secteur «a obtenu une autorisation de la part du Premier ministre, afin d'utiliser les avoirs financiers restants dans les comptes hors budget à l'effet d'acquérir les moyens préventifs sanitaires ainsi que les produits hygiéniques et leur distribution, dans un cadre organisé entre les établissements éducatifs».

Il a exhorté tout un chacun à «se mobiliser et à suivre le bilan des actions de chaque wilaya tout en œuvrant à trouver les solutions et à pallier les lacunes enregistrées». Certains syndicats ont accueilli favorablement l'appel lancé par le ministre de l'Education en vue de se concerter, pour trouver des solutions à des problèmes et des dysfonctionnements qui persistent, en dépit du dévouement des acteurs du secteur.

Il faut reconnaître, l'Ecole est le théâtre d'une certaine tension depuis la rentrée scolaire. Des journées de protestation ont été observées, la dernière date d'hier, où les directeurs des écoles primaires ont organisé des rassemblements régionaux devant différentes directions de l'Education, en guise de protestation. Un mouvement précédé par des débrayages des enseignants du primaire et par une grève d'une journée des trois paliers organisée par le syndicat (UNPEF).

Messaoud Boudiba, porte-parole du Cnapeste, a affirmé que son syndicat ainsi que d'autres formations syndicales avaient déjà lancé des alertes sur la difficulté de mettre en œuvre ou d'appliquer le protocole sanitaire de prévention contre la propagation du Covid -19 et aussi l'application des plans exceptionnels . Et d'ajouter que des problèmes et des dysfonctionnements ont été relevés par son syndicat, à travers plusieurs wilayas du pays dès le début de la rentrée scolaire. M. Boudiba a estimé que reconnaître qu'il y a des problèmes c'est une bonne chose, mais il faut aussi prévoir des solutions palpables sur le terrain. «On ne veut plus de réponses ou de décisions médiatiques, on veut du concret car aujourd'hui, l'enseignant et le personnel éducatif sont sous pression.»

Pour M. Boudiba, les solutions résident dans l'octroi d'un budget financier ou une aide financière au profit des écoles qui n'arrivent plus à répondre aux besoins et aux charges pour l'achat des moyens de désinfection et d'hygiène, quotidiennement. Et dans l'ouverture de postes budgétaires pour le recrutement d'enseignants, afin de réduire, un tant soit peu, des problèmes liés au volume horaire. Abdelouahab Lamri Zegar, porte-parole de l'UNPEF, a affirmé que ces déclarations sont venues un peu en retard, mais nous les soutenons, dit-il «pourvu que tout se concrétise sur le terrain». Et d'affirmer que les syndicats ont déjà émis des propositions et des solutions, mais la tutelle les a ignorés en faisant cavalier seul.

L'UNEPF a déjà appelé la tutelle à revoir le calendrier hebdomadaire des trois phases, en réduisant le nombre de cours, tout en se basant sur les fondamentaux. Le syndicat a exigé la libération des écoles primaires de la gestion des groupes locaux et soutenir le budget de gestion des collèges et lycées pour faire face à cette pandémie, ainsi que la création de postes budgétaires pour le recrutement des enseignants.