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Combat «Don quichotien» ?

par Abdelkrim Zerzouri

Certains de nos députés ne sont-ils pas en retard d'une bonne longueur par rapport au gouvernement en réclamant une session extraordinaire afin d'organiser un débat sur le partenariat avec l'UE, en signe de protestation contre la résolution du Parlement européen, sur les violations des droits de l'Homme en Algérie ? Dans le sillage du tollé général provoqué par la résolution en question, qualifiée de «campagne tendancieuse» «d'ingérence» dans les affaires internes du pays, des députés ont lancé une pétition pour réclamer un débat sur l'accord d'association avec l'UE, alors même que le débat pour une révision de cet accord a été enclenché depuis quelques mois par le gouvernement suite à une volonté clairement affichée par le président de la République. Et cette révision prônée par le gouvernement a au moins le mérite de fixer un objectif précis, en l'occurrence la correction de cet accord, en fonction des intérêts de l'Algérie et non selon des réactions émotionnelles. Et encore, fallait-il faire toute la différenciation entre le Parlement européen, qui est une union parlementaire dont les résolutions ne sont pas juridiquement contraignantes pour les gouvernements, et l'Union Européenne, une construction juridique qui établit un espace politico-économique composé, en 2020, de 27 États-membres.

Et puis, jusqu'où pourrait-on aller à l'issue de cette session extraordinaire réclamée, mais qui n'a aucune chance de se tenir avec deux partis de la majorité, FLN et RND, qui lui tournent le dos ? Envisagerait-on des sanctions économiques à l'encontre de l'Union européenne ? L'Algérie peut bien défendre ses intérêts par le biais d'une révision de l'accord d'association mais n'irait jamais jusqu'à l'utiliser comme moyen de pression sur l'autre partie. D'ailleurs le pourrait-on avec de faibles arguments économiques et dans un contexte de rude concurrence avec les pays voisins ? Les députés initiateurs de ce projet doivent bien le savoir, et s'ils veulent savoir le pourquoi des ingérences continues du Parlement européen dans les affaires internes de l'Algérie, ils ont d'autres arguments à faire valoir.

En tant que parlementaires, ils pourraient tisser des relations avec leurs homologues européens à travers des échanges fructueux. Il faut se demander, plutôt, pourquoi quelques membres seulement du Parlement, qui semblent avoir une dent contre l'Algérie, pour caresser dans le sens du poil leur base électorale et autres visées d'affaiblissement de la voix de l'Algérie dans le concert des nations, réussissent-ils, chaque année, à faire épouser leurs élucubrations à la majorité des parlementaires européens ? Il serait, peut être, plus sage de ne pas tomber dans le panneau conflictuel avec le Parlement européen, qui fait certainement partie des plans ourdis par les ennemis de l'Algérie, mais y aller mollo pour tenter de faire changer les avis en leur faisant toucher la vérité par eux-mêmes. N'est-ce pas mieux qu'un combat «Don quichotien» ?