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LFP - Ligue 1: Les prémices d'une saison charnière

par Adjal Lahouari

Le football algérien, par l'entremise de son élite limitée à la Ligue 1, va entamer une saison charnière après la mise en application de la nouvelle organisation avec 20 clubs. Il va sans dire que l'annulation de la relégation a ravi les clubs menacés, assurés de faire encore partie de ce palier. Les dirigeants, les entraîneurs et les joueurs savent qu'au bout du parcours 2020 - 2021, il y aura des sanctions irrémédiables car la Ligue 1 est appelée à instaurer un autre système de compétition. On imagine déjà la bagarre entre les mal-classés car, fatalement, des équipes renforcées vont émerger pour se disputer le titre. Il y a quelques semaines, la phase de recrutement a démarré timidement, certains clubs n'ayant pas la certitude de disposer des moyens financiers, alors que d'autres ont fait signer des joueurs sans être sûrs de les qualifier. Et puis, sous l'influence des clubs nantis, tout s'est accéléré avec des annonces et des confirmations. Les plus actifs dans ce marché auront été le NAHD, le MCO, le CSC, le CRB, le NCM et l'USB. Quant au MCA et à la JSK, d'ordinaire friands de nouveautés, ils ont fait preuve de sagesse avec un recrutement limité. C'est, à peu de choses près, la même appréciation au sein de l'ASO, la JSS et le PAC.

Du côté de Sétif et d'Aïn M'lila, peu d'informations mais cela ne signifie pas que les dirigeants de l'ESS et de l'ASAM sont restés inactifs. Ils ont renforcé leurs effectifs en observant de la discrétion, tout en faisant confiance à des jeunes issus de leurs viviers. Nul n'ignore la susceptibilité des dirigeants clubs et des joueurs. Aussi, cette classification risque de faire des mécontents. Tant pis, car c'est la règle du jeu dans le monde du sport. Quoi qu'en fasse, il y aura toujours un champion, un vice-champion, des clubs du ventre mou du classement, les menacés ainsi que les relégués. Ce sont les données liées au niveau des effectifs, les moyens financiers, les staffs techniques en place et l'expérience qui ont guidé ce choix. Ce dernier n'est pas arbitraire, loin de là. Toujours est-il que, selon notre analyse, le nombre des outsiders paraît réduit par rapport aux favoris et aux équipes appelées à jouer les trouble-fêtes, et celles dont le maintien restera l'unique objectif. Alors peut-on d'ores et déjà avancer des pronostics sachant que l'inconstance n'est jamais loin au sein du football national ? Même avec cette réserve, on tiendra compte des effectifs en place ainsi que des renforts officiellement enregistrés.

Plusieurs candidats au titre

A tout seigneur tout honneur. On commencera ce tour d'horizon par le champion en titre. La joie des fans du CRB était légitime après l'officialisation du sacre, mais des observateurs objectifs considèrent que l'arrêt de la compétition s'est avéré déterminant. En effet, à ce moment-là, rien n'était joué et l'ESS, la JSK et le MCA sont toujours convaincus que leurs chances étaient intactes. Tout s'est décidé en faveur du CRB sacré champion grâce à son parcours il est vrai le plus régulier. Au vu de l'effectif déjà champion et des arrivées d'éléments valables, on peut affirmer que le CRB sera candidat à sa propre succession. Tous les observateurs sont d'accord pour désigner le Chabab comme l'un des favoris, grâce bien sûr, à l'expérience acquise la saison passée. En outre, la stabilité de la barre technique est un paramètre très important dans notre football, souvent aux prises à des rebondissements. Cela signifie que Franck Dumas aura une tâche certainement plus facile que celles de ses collègues, surtout ceux qui débarquent en nouveaux drivers. Ensuite, les Belouizdadis ont pris goût au succès, comme l'atteste la conquête de la Super coupe d'Algérie face à l'USMA. Et pourtant, la préparation du Chabab a été interrompue par des cas positifs de Covid-19, ce qui permet de penser que les poulains de Dumas ont une marge de progression. Qui sont les principaux rivaux du CRB ? Les regards se tournent vers le quartier de Soustara. En effet, sous la houlette de son directeur sportif, l'ancien international Antar Yahia, l'USMA a ratissé large, tout en dégraissant son effectif. Avec ses binationaux, ses anciens cadres et les noms qui ont rejoint la bâtisse usmiste, on doit s'attendre à voir la meilleure version de l'USMA, celle des titres. Pour leur part, les dirigeants du MCO, le président Tayeb Mehiaoui en tête, ont tablé résolument sur le facteur expérience comme l'atteste la liste des joueurs engagés. En outre, il ne faudrait pas oublier la présence d'un staff sérieusement étoffé sous la houlette de Casoni, bien épaulé par Belatoui, Acimi et Benchamou. Avec un tel groupe en place, il y a de fortes possibilités pour réaliser une très bonne saison. Il serait anormal de ne pas inclure dans le lot des favoris l'ESS. A ce propos, les supporters sont toujours persuadés que, si le Covid ne s'était pas déclaré, leur équipe avait de sérieuses chances de se parer du titre. A ce moment-là, l'Entente carburait fort sous la houlette de l'entraîneur tunisien Nabil Kouki. En dépit du départ de trois cadres, à savoir Redouai, Draoui et Boussouf, l'effectif est resté stable. En outre, sept jeunes éléments dont on dit le plus grand bien ont intégré l'effectif. Le coach Kouki, avec son savoir-faire, devrait obtenir de bons résultats. Avec un effectif riche et stable, le MCA fait partie des favoris et un recrutement ciblé par le coach Neghiz. Le Doyen est appelé à jouer un rôle majeur dans cette édition. Sur le plan technique, ce dernier ne sera pas tiraillé par la recherche des automatismes. La grande inconnue cependant, c'est l'apport des nouveaux joueurs et les appréhensions concernant l'absence d'un buteur suite au terme des rencontres amicales. La JSK aussi a légèrement dégraissé son effectif en faisant appel à des jeunes appelés à mûrir. En outre, le maintien du staff technique est un paramètre positif. Toutefois les rencontres amicales et le tournoi « Smaïl Khabatou » ont révélé des carences dénoncées par les supporters et quelques dirigeants.

Contre vents et marées, le président Mellal fait confiance à son entraîneur Aymen Zelfani. Comme l'a indiqué l'un de ses dirigeants, la JSK est un club à titres. Pour tenir cet engagement, ce sera ardu. Sous la baguette de Abdelkader Amrani, le CSC est considéré comme l'un des favoris cette saison, dont la mesure où il s'est sérieusement renforcé avec l'apport d'une douzaine de nouveaux joueurs, dont certains ont brillé au sein de leurs précédents clubs comme Amrane, Mokadem, Maâmri et Dib.

Des outsiders avérés

C'est au NAHD que le plus grand chamboulement a eu lieu avec de nombreux départs et des arrivées. Le plus pour le Nasria, c'est la présence de Chaâbane Merezkane qui, sans interférer dans le choix de l'entraîneur Leknaoui, va transmettre son absence de complexes aux joueurs. D'ailleurs, jusqu'à la veille du coup d'envoi du championnat, l'ancien international a confirmé les ambitions du club. Du côté d'Hussein Dey, et après la période de disette et du mécontentement des supporters, on commence à croire au renouveau du Nasria. Pour sa part, la JSS pourrait aspirer à mieux si elle faisait preuve de stabilité dans les volets de l'effectif et de la barre technique. C'est là que résident les maillons faibles du club sudiste. Aux responsables d'opter pour la voie de la sagesse et de puiser dans le vivier local. Quant au PAC, il misera de nouveau sur son académie pour améliorer le rendement de l'équipe fanion.

En fait, le président Hassan Zetchi se dit confiant et espère que le nouvel entraîneur Malek trouvera très vite ses marques dans un club pas comme les autres, où le talent des joueurs est un atout très appréciable. Autre facteur déterminant, l'absence de pression. On en arrive à l'ASAM, la meilleure surprise de l'édition écoulée, avec une septième place amplement justifiée.

Le mérite des M'lilis est lié à l'absence de complexes face aux grosses cylindrées. Cet été, il y a eu des départs et quelques arrivées, à l'instar de l'ESS et du CABBA. En fait, on pense plutôt à une forme de discrétion voulue par leurs responsables. En conséquence, leurs équipes-types sont à découvrir dès vendredi et samedi prochains.

D'abord le maintien !

Ils sont nombreux les clubs à l'ambition limitée puisqu'elle se résume au maintien. Et pourtant, le NC Magra s'est sérieusement renforcé avec l'arrivée massive de joueurs venus de divers horizons. De certains d'entre eux, on dit le plus grand bien. Alors, l'ASAM peut-elle revoir ses ambitions à la hausse ? Il faudra attendre cinq ou six matches pour avoir une opinion valable. A Sidi Bel Abbès, c'est l'inquiétude à la veille du démarrage du championnat. Il est indéniable que l'USMBA, un des plus anciens clubs d'Algérie, ne mérite pas un tel sort. Le club de la Mekerra a été secoué ces derniers mois et doit, par conséquent se réorganiser sur tous les plans. Pour ce faire, il va falloir se retrousser les manches et faire preuve d'initiative. Les amoureux du club en particulier doivent se mobiliser. L'une des alternatives est de puiser dans le vivier du club et de la région, et il serait inadmissible que l'USMBA rétrograde de nouveau. Du côté du CABBA, peu de mouvements ont été enregistrés et ce contrairement aux saisons écoulées. Le Ahly, qui a effectué un parcours médiocre doit se ressaisir sinon... A Magra, c'est une tout autre situation, avec l'engagement d'une dizaine de joueurs et d'un nouvel entraîneur, Bacha. A Chlef, on a pris également conscience qu'il fallait injecter du sang neuf tout en engageant un nouvel entraîneur. Car Zaoui, excédé par les critiques qu'il juge injustes au regard de son engagement pour le club, a fini par mettre sa menace à exécution. Du côté de Biskra, les dirigeants, et afin de ne pas revivre le calvaire de la saison écoulée, ont opté pour un recrutement massif de joueurs issus de Ligue 1 et Ligue 2. Reste à savoir si la mayonnaise va prendre et si les bons résultats vont suivre. Les clubs ayant accédé ont déjà éprouvé des difficultés de gestion. A Tlemcen, les joueurs ont eu recours à la grève alors que la préparation a été jugée satisfaisante par leur coach Aziz Abbès. Après l'engagement des nouvelles recrues, il convient d'attendre pour évaluer le niveau du Widad. C'est la même appréciation pour le RCR repris en main par un entraîneur à l'expérience avérée, Chérif El-Ouazzani.

En dépit du retard dans le volet de la préparation, l'ancien international demeure résolument optimiste à la suite des rencontres amicales livrées jusque-là.

C'est également un optimisme mesuré à Magra où il faut le signaler, le coach Bacha aura un effectif conséquent à sa disposition. Il faut savoir que le stade des frères Boucheligue a été homologué, car le NCM a souffert la saison passée en évoluant à Ras El-Oued. C'est un paramètre important pour les joueurs du Nejm.

Enfin, espérons que toutes les parties concernées observeront rigoureusement le protocole des mesures sanitaires et que la sportivité soit de mise sur tous les stades.