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LA NATURE DU CIEL ET LE POIDS DU COUFFIN

par Abdou BENABBOU

Il n'y a pas plus destructif sinon de déstructurant que le verbe quand il est aux antipodes de l'acte. La littérature quand elle se vêtit des apparats politiques peut très souvent constituer un piège par les mirages séducteurs qu'elle offre avec une facilité débordante et ne place pas de frontières entre la réalité et le rêve. Le langage écrit et l'oral en ne délimitant pas leurs bordures finissent toujours par semer des amalgames entre le réel et le fictif.

Il est vrai que le bonheur est relatif. Mais pour y aboutir, il ne peut se suffire de la langue qui par définition n'est pas osseuse. Quid alors des littérateurs trop savants incapables de se départir des sciences virtuelles et qui sont convaincus de détenir les clés du paradis ? Les théories empruntées ou accaparées foisonnent à l'adresse de ceux disposant d'aléatoires préconçus sur l'empreinte du temps et prédisposés à l'écoute du chant des sirènes pour gober toutes les philosophies.

Il devient évident que ceux qui en savent le moins sont plus proches de la réalité se pliant avec mauvaise grâce à leurs petites et grandes misères et ayant une sûre connaissance de ce qu'est réellement la vie. L'anonyme coiffeur du coin et le «moutchou» du bain maure comme le serveur de café connaissent mieux que quiconque la vraie nature du ciel et le réel poids du couffin. En ne se préoccupant que du concret, ils ne prêtent aucune oreille aux tapageurs contenus des mots, certains que l'espoir aujourd'hui est synonyme d'attente illusoire. Ils n'ont cure de s'asseoir sur le haut des livres ou au bord des analyses parce que l'emprise des trottoirs et l'enfilade des files d'attente humaines ne leur en donnent pas le loisir.

Aujourd'hui, la nature vicieuse fait surgir son génie malfaisant en riant des convictions des hommes et de leurs prétentions démesurées. Elle démontre par les drames qu'elle impose que la rigidité de sa présence ne peut en aucun cas être dérangée par le verbe.