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Mercato estival 2020-2021: Une grande transhumance, pour quels résultats ?

par M. Zeggai

Huit joueurs algériens ont, pour une raison ou une autre, réintégré le championnat national. Il s'agit des Bensaha (prêt ES Tunis), Benchaâ ( CS Sfax), Belkhiter (Club Africain), Bakir (CS Sfax), Naâmani (Al Fateh A. Saoudite), Benbrahim (US Tataouine Tunisie), Khelili (Bengarden Tunisie) et Messala Merbah (ex-CS Chebba Tunisie). Beneddine, Soula et Alex Guendouz sont les nouveaux Franco- Algériens du la Ligue 1. Seulement, trois Africains ont été recrutés durant ce mercato estival, Maecky Ngombo (d'origine belge), Marcellin Dégnon (Benin) et Shiboub (Soudan), au moment où quatre émigrés sont arrivés, Bentahar au CSC, Ahmed Abdelkader (U 23 Sunderland) au CRB, Khadim à l'ASO Chlef et Arroudj à l'OM. Plus de trente joueurs issus des divisions inférieures, DNA et Inter Régions, ont intégré les clubs de l'élite. Ce qui explique peut- être le nivellement des valeurs. Par contre, on a enregistré plus d'une quarantaine de transferts de jeunes joueurs U17, U 19 et U 21, ce qui est considéré comme une nouveauté dans le championnat national. Par ailleurs, cinq algériens ont opté pour l'étranger. Belhocini (ex-USMBA) est allé rejoindre Azzi (ex-MCA) à UMM Salal (Qatar), Boudrama (ex-MCEE) a opté pour Bizerte, Benarrous (ex-MCA) pour le Stade Tunisien, alors que Benayada (ex-CSC) et Farhi (ex-JS Saoura) ont préféré aller monnayer leur talent au Club Africain. Ce sont là les faits saillants du mercato qui a pris fin hier. Après un début timide en raison des conséquences de la pandémie de coronavirus, le marché des transferts estival s'est animé au fil des jours.

A première vue, ce sont le NAHD, le CSC, l'USMA, le CRB et, à un degré moindre, le MCA qui ont été les plus actifs. Certains habitués des gros transferts n'ont pas fait de folies en raison de la crise économique, de la situation sanitaire actuelle, mais aussi en l'absence de joueurs de grande qualité. Aussi, le marché des transferts de cette nouvelle saison s'est ouvert dans un climat de confusion par la faute de mauvaise gestion de certains clubs qui n'ont jamais respecté leurs engagements, d'où la menace d'interdiction de recrutement en raison du nombre élevé de litiges.

NAHD-USMA-CRB-CSC-MCA les plus actifs

La nouveauté réside, une fois n'est pas coutume, chez l'USMA, qui aura été la seule équipe à avoir misé sur la piste des Franco Algériens, préférés par le nouveau directeur sportif Antar Yahia selon un projet sportif bien étudié et élaboré en fonction des objectifs assignés. Le NAHD, lui, avec le retour de Merzekane Chaâbane, a effectué une véritable révolution au sein de son effectif. Plus d'une quinzaine de nouveaux éléments ont opté pour le Nasria et ce, pour amener du sang neuf à leur équipe.

Quant au CRB,il a été l'un des premiers clubs algériens à avoir entamé son marché pour faire face aux dures exigences de son engagement dans les trois compétions, championnat, national, coupe d'Algérie et la Ligue des Champions d'Afrique. Ce qui explique le recrutement de joueurs chevronnés, à l'image des Draoui (ex-ESS), Belkhiter (ex-Club Africain), Moussaoui (ex-PAC), Maecky Ngombo (d'origine belge), Marcellin Koupkou Dégnon (Bénin), Saâd (ex-USMBA), Bakir (ex-CS Sfax) pour assurer également la profondeur du banc des remplaçants. Pour sa part, le CSC, avec le retour de l'entraineur Abdelkader Amrani, donne l'impression d'avoir retenu les leçons du passé. Les Sanafirs ont engagé plusieurs éléments ciblés pour renforcer les trois compartiments par des éléments dont on dit le plus grand bien sur le plan technique.

Pour sa part, le MCA, en dépit des garanties de la puissante Sonatrach, n'est pas parvenu à dicter sa loi sur le marché des transferts en raison des fréquents changements au niveau de l'équipe dirigeante d'où l'absence d'une véritable feuille de route pour garantir l'avenir du Doyen. Mais, dans l'ensemble, le MCA a tout de même évité la catastrophe en engageant des joueurs confirmés.

En revanche, la JSK, contrairement à ses habitudes, a changé de politique de recrutement et sa philosophie, comme en témoigne le recrutement de jeunes éléments de joueurs inconnus au bataillon. Les dirigeants ont-ils pris un risque, sachant que la JSK est appelée à représenter l'Algérie en coupe de la CAF. A Bechar, une fois n'est pas coutume, la JS Saoura s'est contentée du minimum avec l'arrivée de cinq nouveaux, Derrouache (ex-CABBA), Amrane (ex-CABBA), Belhamri (ex-WAT), Bensalah (ex-USC), Daoud (ex-OM). De son côté, le MCO s'est aventuré avec un recrutement qui n'a pas convaincu les supporters du club. C'est du moins l'impression qui se dégage si l'on tient compte de la venue de nombreux joueurs manquant de compétition ou carrément libérés par leurs clubs respectifs, tels que Limane (ex-CSC), Naâmani (ex-Al Fateh Arabie. Saoudite), Derradja (ex-MCA), Nekkache (ex-MCA), Belkaraoui (ex-USMA). Le PAC, lui, bien alimenté par son académie, s'est contenté de la venue du keeper Hadji (ex-ASAM) et des jeunes Chabour (ex-HBCL) et Chouiya (ex-WRM). Les quatre nouveaux promus, le WAT, l'OM, la JSMS et le RCR, ont également été de la partie.

L'ESS, forte de son expérience de la saison dernière, a plutôt axé son renforcement sur les jeunes dénichés ayant une bonne base technique leur permettant une marge de progression encourageante. Les autres clubs se sont renforcés en fonction de leurs possibilités financières.

Intermédiaires de joueurs-présidents de clubs

Nul doute que les subventions étatiques, en l'absence totale de contrôle, sont devenues par la force des choses, une source d'enrichissement pour les présidents de clubs, leurs proches collaborateurs et surtout les pseudo- managers qui ont envahi le football algérien.

Chez de nombreux présidents de club, la quantité passe avant la qualité, alors que, chez nos joueurs, l'important est d'assurer une mensualité sans se soucier de leur progression pour donner une autre dimension à leurs carrières.

Nos clubs disposent-ils de responsables de recrutement ou d'une équipe d'observateurs sur l'ensemble du territoire national ? Combien de joueurs ont été arnaqués ? Combien de dizaines, sinon de centaines de millions ont été empochés par les négociateurs de contrats ? Combien de jeunes joueurs ont été victimes de ces transactions douteuses ? Est-il logique de procéder au recrutement en l'absence d'un responsable technique ?

La preuve, cette situation a débouché sur la résiliation des contrats de certains joueurs à quelques heures de la fin du délai de la clôture des signatures, et porte préjudice à des joueurs victimes des bourdes de cette nouvelle race de décideurs qui s'activent à « poser » lors des fameuses cérémonies de présentation de nouveaux joueurs pour tromper l'opinion publique et jouer avec la sensibilité des supporters avec la complicité, bien sûr, d'une certaine presse.