«On est réellement épuisé
», a affirmé avec regret le Dr Mohamed Yousfi, chef de service des maladies
infectieuses de l'hôpital de Boufarik, précisant que son établissement est déjà
saturé. Il y a une augmentation en termes d'affluence au niveau des urgences et
en termes de malades, on est passé respectivement de 35 à 40% d'occupation de
lits d'hospitalisation à 100% actuellement, et ce, après une accalmie d'un
mois. On était obligé, hier, d'orienter des malades vers d'autres structures.
Le manque de lits et la lenteur pour l'obtention des résultats du PCR par le
fait qu'on est tributaires de l'Institut Pasteur, après trois à quatre jours,
nous obligent de refuser, si on ose dire, des malades ». Le Dr Yousfi explique
ce rebond des cas de contamination au Covid-19 par le relâchement constaté
depuis des semaines de la part des citoyens, mais de la part également des
autorités qui veillent au strict respect des mesures barrières. « L'on
constate, encore et toujours, une forte concentration de citoyens dans les
lieux publics, notamment dans les commerces et la tenue de fêtes de mariage ».
Et d'affirmer avec regret : « On est en train d'anéantir tous les efforts que
nous avons déployés jusque-là. Les retombées de ce relâchement sont
essentiellement supportées par les malades vulnérables mais beaucoup plus par
le personnel médical qui est déjà épuisé et à plat ». Le Dr Yousfi revient à la
charge pour demander l'aide de ses confrères du secteur exerçant dans d'autres
structures, qu'elles soient publiques ou privées, et qui n'exercent pas dans des
services d'infectiologie. Il explique que «contrairement aux CHU qui sont
soutenus par les médecins généralistes et les résidents, les services de
Boufarik ne jouissent pas de cet avantage». Il précise que les praticiens
spécialistes et le personnel paramédical dans ses services travaillent sans
répit depuis mars dernier, sachant qu'une partie est déjà infectée par le
coronavirus. Pour le Dr Yousfi, il ne s'agit nullement de problème de capacités
en matière de lits d'hospitalisation ou de manque de personnel médical au
niveau national, mais tous ces moyens sont utilisés d'une manière
disproportionnée. Des alertes sont lancées par des médecins sur les réseaux
sociaux appelant les citoyens à plus de vigilance. «Le CHU Beni Messous est saturé, et la réanimation ainsi que le
déchoquage sont pleins, le nombre de formes graves augmente d'une manière
inquiétante, et le personnel de la santé est très épuisé sans parler du moral
des troupes après huit mois de combat continu, pour l'amour d'Allah, arrêtez le
massacre, protégez-vous bon sang, il y va de la vie de vos proches et vos
parents» ! écrit un médecin. D'autres images montrent un va-et-vient incessant
des ambulances de l'hôpital et celles de la protection civile, dans les
hôpitaux de Blida. Mohamed Yousfi conclut en affirmant que « le virus est
toujours là, le chemin à parcourir est encore long en attendant le vaccin, ce
qui nous oblige à vivre avec ce virus tout en respectant les mesures barrières
pour minimiser les conséquences ».