Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

BATAILLE ET ILLUSIONS

par Abdou BENABBOU

Comme il fallait s'y attendre, le débat contradictoire sur l'ouverture des écoles s'épaissit. De par les fluctuations des statistiques par moments inquiétantes, il ne pouvait en être autrement dès l'instant où de nombreuses contrées du monde vivent un ressac virulent de la pandémie au point où des écoles se referment, des commerces s'hibernent et des populations soumises à des couvre-feux. Heureusement, les Algériens n'en sont encore pas là, mais par prudence les autorités nationales n'écartent pas une reprise des restrictions si d'aventure le virus renoue avec ses mortels outrages obligeant le pays à revoir ses parcimonieuses dispositions.

L'alerte reste de circonstance et certains voient d'un mauvais œil une rentrée scolaire ce mercredi. Leur crainte est justifiée car battre le rappel des écoliers n'a pas été une décision aisée. Les dispositions prises et les consignes imposées au monde de l'éducation pourraient avoir une piètre figure face à un danger sanitaire pour lequel l'ensemble des structures matérielles enseignantes n'a pas la carrure nécessaire pour affronter un phénomène contre lequel il peut s'avouer vaincu. Pour ne s'en tenir qu'au strict élémentaire, bon nombre d'écoles ne disposent pas de sanitaires. Celles qui en recèlent, dans leur majorité, pénurie et sécheresse de cette année imparables, obligent les robinets à bouder l'eau. Il sera pesant et douloureux de se pencher sur le lot des impératifs restants. Entre masques, transports, cantines et des cours un jour sur deux, enfants, parents et enseignants auront une sérieuse bataille à affronter.

Mais qu'à cela ne tienne. Depuis des lustres, l'école n'a pas réussi à guérir ses profondes plaies malgré les réformettes du bout des lèvres initiées. Elle a toujours été contrariée par les stériles idées arrêtées des pensants limités. Le corona n'est sans doute venu que pour remuer le couteau dans la plaie.

Alors il faudra bien que scolarité se fasse. L'impatience dans tous les foyers familiaux pressés de renouer avec une normalité est à son apogée même si tous ont la conviction que les sacrifices financiers engagés pour les fournitures scolaires ne seront qu'une peine perdue. Le gain ne serait peut-être que l'initiation des enfants eux aussi à l'apprentissage des illusions.