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FUITE EN AVANT

par Abdou BENABBOU

A supposer que les écoliers et les lycéens puissent rejoindre leurs classes, il est certain que le malaise les accompagnera. Il en sera ainsi et pas autrement faute d'une capacité de pouvoir échapper aux effets d'une pandémie qui a déflagré les us et les comportements du monde entier. Les autorités font ce qui leur est possible en s'appliquant à remuer des remèdes, aussi compliqués les uns que les autres, sachant avec une tenace conviction que tous les efforts déployés ne seront au fond qu'un coup d'épée dans l'eau. De toute cette situation, jamais vécue auparavant, et bien que toutes les retouches apportées à une organisation compliquée et harassante soient péniblement déployées, ce sont les perspectives futures pour l'ensemble de l'enseignement scolaire qu'il sera difficile de maîtriser pour offrir aux enfants et aux adolescents un savoir conséquent et suffisant qui doit leur permettre d'affronter la vie.

En la matière comme dans toutes les articulations de la société, ce qui est contre-productif serait de se noyer dans un formalisme inconséquent et de se satisfaire d'un état des lieux où les chiffres et les nombres n'ont que la superficialité du sens. Les élèves iront à l'école et on s'en lave les mains. Se suffire d'assumer la petite responsabilité, aussi ardue soit-elle, en se limitant à ne se préoccuper que du partage des lieux et des espaces, est la pire des fuites en avant. Dans cette phase pénible et douloureuse, la grande question aussi utile que fondamentale renvoie au devenir de la structure mentale des écoliers.

Si on fait ce que l'on peut et ce qui est possible de faire, une circonspection sinon même une satisfaction est à retenir quand ailleurs la moitié des enfants de l'humanité ont le ventre vide et marchent pieds nus.

La malchance de l'ensemble de la génération future est qu'une bonne partie des aînés est prise de folie. Pas une seule contrée du monde n'y échappe et le virus démoniaque l'a accentuée.